À la date de ce jour, trente et une de mes quarante et une années de sacerdoce auront été consacrées au dialogue : vingt-huit ans dans le service diplomatique du Saint-Siège et un peu plus de trois ans dans le domaine de l’interreligieux. À vrai dire, le jour même de mon ordination sacerdotale, le 20 septembre 1969, j’avais choisi d’inscrire au dos de l’image-souvenir cette conviction de Paul : le Christ nous a confié le ministère de la réconciliation ... Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous (2 Co 5, 18.. .20).
Bien vite, j’ai découvert que ce ne sont pas des stratégies ou des religions qui dialoguent, mais des hommes et des femmes bien concrets, capables du meilleur comme du pire, parce que eux-mêmes partagés entre le bien et le mal. Ces personnes, qui aiment et qui trahissent, qui créent et qui détruisent, capables de prouesses techniques imprévisibles comme des actes les plus barbares : ce sont mes frères. Je ne les ai pas choisis. Dieu me demande de les aimer et de les servir :
"Le recours à la religion, affirme le message des participants à la récente Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour le Moyen-Orient, doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre et le traiter comme Dieu le traite : avec bonté, justice, amour".
Dans le monde complexe que nous nous sommes construit, tout se conjugue au pluriel, y compris la culture et la religion. Après la fin de l’unanimité culturelle, la mise en quarantaine du religieux, le délayage des modèles, voilà que la religion est devenue en quelques années un élément
incontournable de la vie politique, économique et sociale. On se demande même s’il ne conviendrait pas d’enseigner "le fait religieux" à l’école.
Certes, la pratique religieuse dans les sociétés occidentales a baissé. Nous sommes l’époque de beliving without belonging. On constate une recomposition du paysage religieux sur un mode plus individualiste qui pourrait être dû à quatre facteurs :
- les sectes ;
- les nouvelles communautés issues du mouvement charismatique catholique ;
- le succès rencontré par les religions asiatiques (bouddhisme) ;
- la présence désormais durable de musulmans de toute provenance et obédience (3 – 5% de la population européenne).
Pourtant la philosophie des Lumières nous avait assuré que la raison toute seule pouvait accéder à la vérité. Le scientisme nous avait enseigné que tout ce que la raison humaine ne peut justifier, n’existe tout simplement pas. Le programme de la révolution française était clair : organiser la société sans Dieu. L’homme, placé au centre du monde, se suffisant à lui-même, capable de prouesses scientifiques indéniables, n’avait pas besoin de la religion pour vivre et survivre.
Il est des coïncidences dans l’histoire qui sont en réalité des rendez-vous. Le 25 août 1900, à Weimar, un écrivain mourait dans la folie, Friedrich Nietzsche. Quelque temps auparavant, il avait commis une sorte de biographie "Ecce homo", révélatrice de l’angoisse qui le tenaillait : "Où est Dieu ? se demandait-il. Je vais vous le dire : nous l’avons tué, vous et moi. Dieu est mort, c’est nous qui l’avons tué". Au même moment, à Rome, un vieux pape, Léon XIII (il avait alors 90 ans) rédigeait ce qui serait l’encyclique Tametsi futura, rendue publique le 1er novembre 1900 : "Il
faut réintégrer le Seigneur Jésus dans son domaine ; beaucoup sont loin de Jésus-Christ, plus par ignorance que par perversité ; nombreux sont ceux qui étudient l’homme et la nature, bien peu sont ceux qui étudient le Fils de Dieu. Nous conjurons ceux qui sont chrétiens de faire tout leur possible pour connaître leur Rédempteur tel qu’il est vraiment".
Le rapprochement de ces deux textes est éloquent sur le drame spirituel que vivent encore les hommes et les femmes de ce temps. D’un côté, la rébellion de l’intelligence et de l’autre, l’adhésion à un Dieu qui exerce sa souveraineté sur l’esprit de chacun dans le concret du quotidien.
Nous avons expérimenté ce qu’est le monde sans Dieu : l’enfer. L’humanité a connu au siècle dernier la nuit des deux totalitarismes qui ont engendré les excès que nous ne connaissons que trop bien. Ils avaient annoncé la mort de Dieu, organisé la persécution des croyants et exclu définitivement la religion de l’espace public.
Mais Dieu, que l’on avait congédié, en réalité était toujours là. Comment pourrait-il en être autrement ? L’athéisme enseigné et pratiqué n’a jamais réussi à supprimer Dieu de l’horizon de l’homme. La quête de Dieu surgit plus forte que jamais, le sacré interroge, la présence d’un Islam européen qui s’affirme, le succès des sectes, l’attrait exercé par les sagesses venues de l’Asie, le long pontificat de Jean-Paul II qui a redonné à l’Église sa visibilité et l’enseignement du pape Benoît XVI qui lui donne son intériorité ont contribué à nous faire souvenir que l’homme est avant toute chose la créature qui s’interroge sur "le sens du sens" (Paul Ricoeur). C’est la conscience – cette faculté de réfléchir sur son destin, le sens de la vie et de la mort – qui distingue l’homme des règnes végétal et animal. Il est le seul à envisager un au-delà. Les tombes et les rites funéraires de la préhistoire témoignent de ce rapport de l’homme avec le divin. Depuis 100 000 ans, le fait religieux s’impose. La religion n’est pas un moment particulier de l’histoire, elle appartient à la nature de l’homme. Dans nos sociétés pluriculturelles et plurireligieuses, que l’on soit croyant ou
non, tous, nous nous posons les trois questions fondamentales d’Emmanuel Kant : que puis-je connaître ? que dois-je faire ? que puis-je espérer ?
Que nous soyons croyants ou non, nous attendons quelque chose qui donne sens à notre existence, qui sauve notre vie de l’inutilité et de l’abîme. Certains le trouvent dans la politique, d’autres dans le paraître, d’autres encore dans l’hédonisme. Comme l’a si bien observé Dostoïevski, "l’homme ne peut vivre sans s’agenouiller devant quelque chose… si l’homme refuse Dieu, il s’agenouillera devant une idole. Nous sommes tous des idolâtres et non des athées". Le désir de croire est si grand chez l’homme qu’après avoir expulsé Dieu de sa vie, une autre foi va
s’installer : la foi en un autre absolu qui n’est autre que l’homme lui-même : "Homo homini deus" pour le dire comme Feuerbach. Hier Dieu était absent ; aujourd’hui, il y a trop de dieux !
C’est dans ce contexte que se situe le dialogue interreligieux. Mais qu’est-ce que le dialogue ? "La recherche d’une entente motivée entre deux individus ou systèmes de pensée en vue d’une interprétation commune de leur accord ou de leur désaccord". Observons : entente
motivée, cela veut dire que l’on utilise la raison et non la violence. Interprétation commune : on est à la recherche d’un même langage. Accord ou désaccord : honnêteté dans la présentation de son point de vue ou de celui de sa communauté. Tout cela suppose évidemment que chacun des
partenaires soit habité par un désir profond de faire tout son possible pour comprendre le point de vue de l’autre.
Lorsque les croyants dialoguent, ils cherchent à se connaître à s’enrichir les uns les autres de leur patrimoine spirituel, en respectant la liberté de chacun, en vue de considérer ce qu’ils peuvent faire en commun pour le bien de la société. Le dialogue interreligieux n’a pas pour but la
conversion de l’autre, bien que souvent il la favorise. Nous sommes là face au mystère de deux libertés, celle de Dieu et celle de l’homme, sur lesquelles nous n’avons aucune prise. Il ne s’agit pas de renoncer à ses propres convictions. Il s’agit d’accepter de prendre en considération des
arguments différents des miens ou de ceux de ma communauté. Dia – logos se laisser traverser par la parole de l’autre. Attention, nous ne disons pas que toutes les religions se valent, nous disons : tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité, ou, pour reprendre les parole du pape Benoît XVI,
"scruter le mystère de Dieu à la lumière de leurs traditions religieuses respectives pour discerner les valeurs capables d’illuminer les hommes et les femmes de tous les peuples de la terre, quelle que soit leur culture ou leur religion...". Nos traditions religieuses respectives insistent toutes sur le caractère sacré de la vie et sur la dignité de la personne humaine. Avec les hommes de bonne volonté nous aspirons à la paix et pour cela, je le répète avec insistance, la recherche et le dialogue
interreligieux ne sont pas une option, mais une nécessité de notre temps (Benoît XVI, 1er février 2007).
Nous reconnaissons que Dieu est à l’oeuvre en chaque homme ("le Verbe est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde" Jn 1, 9). Dans les autres religions, on peut donc trouver des signes de la Vérité révélée par le Christ, un peu comme des pierres d’attente : "L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apporte souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (Nostra ætate n. 2).
Mais le dialogue interreligieux ne sera authentique que si chacun reste fidèle à sa foi. On ne la met point entre parenthèses : au contraire on l’approfondit pour mieux être à même d’en rendre compte.
Je dirai que trois attitudes s’imposent :
Dans le monde complexe que nous nous sommes construit, tout se conjugue au pluriel, y compris la culture et la religion. Après la fin de l’unanimité culturelle, la mise en quarantaine du religieux, le délayage des modèles, voilà que la religion est devenue en quelques années un élément
incontournable de la vie politique, économique et sociale. On se demande même s’il ne conviendrait pas d’enseigner "le fait religieux" à l’école.
Certes, la pratique religieuse dans les sociétés occidentales a baissé. Nous sommes l’époque de beliving without belonging. On constate une recomposition du paysage religieux sur un mode plus individualiste qui pourrait être dû à quatre facteurs :
- les sectes ;
- les nouvelles communautés issues du mouvement charismatique catholique ;
- le succès rencontré par les religions asiatiques (bouddhisme) ;
- la présence désormais durable de musulmans de toute provenance et obédience (3 – 5% de la population européenne).
Pourtant la philosophie des Lumières nous avait assuré que la raison toute seule pouvait accéder à la vérité. Le scientisme nous avait enseigné que tout ce que la raison humaine ne peut justifier, n’existe tout simplement pas. Le programme de la révolution française était clair : organiser la société sans Dieu. L’homme, placé au centre du monde, se suffisant à lui-même, capable de prouesses scientifiques indéniables, n’avait pas besoin de la religion pour vivre et survivre.
Il est des coïncidences dans l’histoire qui sont en réalité des rendez-vous. Le 25 août 1900, à Weimar, un écrivain mourait dans la folie, Friedrich Nietzsche. Quelque temps auparavant, il avait commis une sorte de biographie "Ecce homo", révélatrice de l’angoisse qui le tenaillait : "Où est Dieu ? se demandait-il. Je vais vous le dire : nous l’avons tué, vous et moi. Dieu est mort, c’est nous qui l’avons tué". Au même moment, à Rome, un vieux pape, Léon XIII (il avait alors 90 ans) rédigeait ce qui serait l’encyclique Tametsi futura, rendue publique le 1er novembre 1900 : "Il
faut réintégrer le Seigneur Jésus dans son domaine ; beaucoup sont loin de Jésus-Christ, plus par ignorance que par perversité ; nombreux sont ceux qui étudient l’homme et la nature, bien peu sont ceux qui étudient le Fils de Dieu. Nous conjurons ceux qui sont chrétiens de faire tout leur possible pour connaître leur Rédempteur tel qu’il est vraiment".
Le rapprochement de ces deux textes est éloquent sur le drame spirituel que vivent encore les hommes et les femmes de ce temps. D’un côté, la rébellion de l’intelligence et de l’autre, l’adhésion à un Dieu qui exerce sa souveraineté sur l’esprit de chacun dans le concret du quotidien.
Nous avons expérimenté ce qu’est le monde sans Dieu : l’enfer. L’humanité a connu au siècle dernier la nuit des deux totalitarismes qui ont engendré les excès que nous ne connaissons que trop bien. Ils avaient annoncé la mort de Dieu, organisé la persécution des croyants et exclu définitivement la religion de l’espace public.
Mais Dieu, que l’on avait congédié, en réalité était toujours là. Comment pourrait-il en être autrement ? L’athéisme enseigné et pratiqué n’a jamais réussi à supprimer Dieu de l’horizon de l’homme. La quête de Dieu surgit plus forte que jamais, le sacré interroge, la présence d’un Islam européen qui s’affirme, le succès des sectes, l’attrait exercé par les sagesses venues de l’Asie, le long pontificat de Jean-Paul II qui a redonné à l’Église sa visibilité et l’enseignement du pape Benoît XVI qui lui donne son intériorité ont contribué à nous faire souvenir que l’homme est avant toute chose la créature qui s’interroge sur "le sens du sens" (Paul Ricoeur). C’est la conscience – cette faculté de réfléchir sur son destin, le sens de la vie et de la mort – qui distingue l’homme des règnes végétal et animal. Il est le seul à envisager un au-delà. Les tombes et les rites funéraires de la préhistoire témoignent de ce rapport de l’homme avec le divin. Depuis 100 000 ans, le fait religieux s’impose. La religion n’est pas un moment particulier de l’histoire, elle appartient à la nature de l’homme. Dans nos sociétés pluriculturelles et plurireligieuses, que l’on soit croyant ou
non, tous, nous nous posons les trois questions fondamentales d’Emmanuel Kant : que puis-je connaître ? que dois-je faire ? que puis-je espérer ?
Que nous soyons croyants ou non, nous attendons quelque chose qui donne sens à notre existence, qui sauve notre vie de l’inutilité et de l’abîme. Certains le trouvent dans la politique, d’autres dans le paraître, d’autres encore dans l’hédonisme. Comme l’a si bien observé Dostoïevski, "l’homme ne peut vivre sans s’agenouiller devant quelque chose… si l’homme refuse Dieu, il s’agenouillera devant une idole. Nous sommes tous des idolâtres et non des athées". Le désir de croire est si grand chez l’homme qu’après avoir expulsé Dieu de sa vie, une autre foi va
s’installer : la foi en un autre absolu qui n’est autre que l’homme lui-même : "Homo homini deus" pour le dire comme Feuerbach. Hier Dieu était absent ; aujourd’hui, il y a trop de dieux !
C’est dans ce contexte que se situe le dialogue interreligieux. Mais qu’est-ce que le dialogue ? "La recherche d’une entente motivée entre deux individus ou systèmes de pensée en vue d’une interprétation commune de leur accord ou de leur désaccord". Observons : entente
motivée, cela veut dire que l’on utilise la raison et non la violence. Interprétation commune : on est à la recherche d’un même langage. Accord ou désaccord : honnêteté dans la présentation de son point de vue ou de celui de sa communauté. Tout cela suppose évidemment que chacun des
partenaires soit habité par un désir profond de faire tout son possible pour comprendre le point de vue de l’autre.
Lorsque les croyants dialoguent, ils cherchent à se connaître à s’enrichir les uns les autres de leur patrimoine spirituel, en respectant la liberté de chacun, en vue de considérer ce qu’ils peuvent faire en commun pour le bien de la société. Le dialogue interreligieux n’a pas pour but la
conversion de l’autre, bien que souvent il la favorise. Nous sommes là face au mystère de deux libertés, celle de Dieu et celle de l’homme, sur lesquelles nous n’avons aucune prise. Il ne s’agit pas de renoncer à ses propres convictions. Il s’agit d’accepter de prendre en considération des
arguments différents des miens ou de ceux de ma communauté. Dia – logos se laisser traverser par la parole de l’autre. Attention, nous ne disons pas que toutes les religions se valent, nous disons : tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité, ou, pour reprendre les parole du pape Benoît XVI,
"scruter le mystère de Dieu à la lumière de leurs traditions religieuses respectives pour discerner les valeurs capables d’illuminer les hommes et les femmes de tous les peuples de la terre, quelle que soit leur culture ou leur religion...". Nos traditions religieuses respectives insistent toutes sur le caractère sacré de la vie et sur la dignité de la personne humaine. Avec les hommes de bonne volonté nous aspirons à la paix et pour cela, je le répète avec insistance, la recherche et le dialogue
interreligieux ne sont pas une option, mais une nécessité de notre temps (Benoît XVI, 1er février 2007).
Nous reconnaissons que Dieu est à l’oeuvre en chaque homme ("le Verbe est la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde" Jn 1, 9). Dans les autres religions, on peut donc trouver des signes de la Vérité révélée par le Christ, un peu comme des pierres d’attente : "L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apporte souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (Nostra ætate n. 2).
Mais le dialogue interreligieux ne sera authentique que si chacun reste fidèle à sa foi. On ne la met point entre parenthèses : au contraire on l’approfondit pour mieux être à même d’en rendre compte.
Je dirai que trois attitudes s’imposent :
- le devoir de l’identité : avoir une identité spirituelle (problème de l’ignorance en matière de religion) ;
- le courage de l’altérité : les autres croyants peuvent m’enrichir ;
- la franchise de nos intentions : nous témoignons, nous proposons, en évitant les excès du prosélytisme.
Mais le paradoxe est que les religions sont souvent perçues comme un danger : fanatisme, fondamentalisme, dérives sectaires sont souvent associées à la religion, et cela surtout à cause d’actions terroristes inspirées par des motifs religieux, perpétrées par des adeptes dévoyés et minoritaires d’une religion.
"Aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion,
rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu". Je ne connais pas de condamnation plus percutante que celle de Benoît XVI prononcée devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège au début de l’année 2006. C’est que les religions – ou plutôt des croyants – sont capables du meilleur comme du pire. Les religions peuvent se mettre au service d’un projet de sainteté ou d’aliénation ; elles peuvent prêcher la paix ou la guerre.
D’où la nécessité pour leurs responsables de conjuguer foi avec raison.
Benoît XVI l’a rappelé dans sa célèbre leçon à l’université de Ratisbonne le 12 septembre 2006 : "Au commencement était le Verbe (logos en grec) et logos désigne à la fois la raison et la parole, une raison qui est créatrice et capable de se transmettre, mais justement comme raison, une raison qui se communique. Une raison qui resterait sourde au divin et qui repousserait la religion dans le domaine des sous-cultures serait inapte au dialogue des cultures".
Que peuvent apporter les religions à la société, sont-elles une ressource ?
Ma réponse est évidemment affirmative. S’il existe un humanisme, il plonge ses racines dans l’humus chrétien : la personne humaine comme valeur suprême, sa dignité, ses droits fondamentaux, le principe de solidarité et subsidiarité, la justice et la paix sont des valeurs chrétiennes. La première école sur le continent européen sera fondée par un moine, Alcuin, à la
cour de Charlemagne. C’est l’Église catholique qui fonde les premières universités. Les élites des continents d’Afrique ou d’Asie ont été formées dans des établissements d’éducation chrétiens. On trouve des penseurs et des théologiens à l’origine du droit des gens.
C’est la papauté qui la première réalisera les premières médiations de paix. Enfin, il faut mentionner que c’est le christianisme qui a réussi à faire inscrire dans les sociétés modernes la distinction entre le fait politique et le fait religieux, principe qui a bouleversé les rapports internationaux. Puisque nous sommes à Paris, en Europe, je dirai que les religions ont une mission
de dialogue et d’unité qui contribue à la construction de l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Louis Massignon disait que selon lui chacune des trois religions monothéistes illustrait plus particulièrement une des vertus théologales : Israël, l’espérance ; le christianisme, la charité ; l’Islam, la foi. Au-delà de cette formule, il est clair que les croyants ont une responsabilité
personnelle et communautaire dans la construction des sociétés.
Toutes les religions considèrent
"Aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion,
rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu". Je ne connais pas de condamnation plus percutante que celle de Benoît XVI prononcée devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège au début de l’année 2006. C’est que les religions – ou plutôt des croyants – sont capables du meilleur comme du pire. Les religions peuvent se mettre au service d’un projet de sainteté ou d’aliénation ; elles peuvent prêcher la paix ou la guerre.
D’où la nécessité pour leurs responsables de conjuguer foi avec raison.
Benoît XVI l’a rappelé dans sa célèbre leçon à l’université de Ratisbonne le 12 septembre 2006 : "Au commencement était le Verbe (logos en grec) et logos désigne à la fois la raison et la parole, une raison qui est créatrice et capable de se transmettre, mais justement comme raison, une raison qui se communique. Une raison qui resterait sourde au divin et qui repousserait la religion dans le domaine des sous-cultures serait inapte au dialogue des cultures".
Que peuvent apporter les religions à la société, sont-elles une ressource ?
Ma réponse est évidemment affirmative. S’il existe un humanisme, il plonge ses racines dans l’humus chrétien : la personne humaine comme valeur suprême, sa dignité, ses droits fondamentaux, le principe de solidarité et subsidiarité, la justice et la paix sont des valeurs chrétiennes. La première école sur le continent européen sera fondée par un moine, Alcuin, à la
cour de Charlemagne. C’est l’Église catholique qui fonde les premières universités. Les élites des continents d’Afrique ou d’Asie ont été formées dans des établissements d’éducation chrétiens. On trouve des penseurs et des théologiens à l’origine du droit des gens.
C’est la papauté qui la première réalisera les premières médiations de paix. Enfin, il faut mentionner que c’est le christianisme qui a réussi à faire inscrire dans les sociétés modernes la distinction entre le fait politique et le fait religieux, principe qui a bouleversé les rapports internationaux. Puisque nous sommes à Paris, en Europe, je dirai que les religions ont une mission
de dialogue et d’unité qui contribue à la construction de l’Europe d’aujourd’hui et de demain. Louis Massignon disait que selon lui chacune des trois religions monothéistes illustrait plus particulièrement une des vertus théologales : Israël, l’espérance ; le christianisme, la charité ; l’Islam, la foi. Au-delà de cette formule, il est clair que les croyants ont une responsabilité
personnelle et communautaire dans la construction des sociétés.
Toutes les religions considèrent
- la famille comme le lieu où l’on apprend à vivre ensemble : générations et choix différents ;
- que la terre – celle où je suis né –, qui a une histoire, façonne mon identité ;
- que l’éducation est non seulement connaissance mais aussi transmission de valeurs et que le politique et l’économique ne sont pas le tout de l’homme,
- enfin la nécessité de la vie intérieure.
La grandeur du judaïsme comme celle de l’Islam est sans doute de dénoncer l’idolâtrie. La grandeur du christianisme est de rappeler que Dieu s’est fait homme pour que nous devenions ses fils. Ensemble nous devons dénoncer toute prétention de l’homme à se faire Dieu. N’oublions jamais que la tentation du paganisme c’est de tout diviniser !
Mais si nous chrétiens, en particulier :
Mais si nous chrétiens, en particulier :
- donnons le sentiment d’être habités par quelqu’un ;
- savons accueillir l’autre dans sa diversité ;
- cherchons à apprécier les qualités des autres ;
- tentons de nous mettre du côté de celui qui n’a aucune richesse, aucune culture, plutôt que du côté de celui qui compte ;
alors cela voudra dire qu’un monde meilleur est possible et que nous pourrons offrir de manière crédible notre collaboration à tous ceux qui s’efforcent de faire de cette terre un lieu où il fait bon vivre ensemble. Tous les croyants devraient pouvoir unir leur bonne volonté quand il s’agit de
servir, de soigner, d’éduquer.
Mais malheureusement deux grands obstacles conditionnent le rayonnement des croyants :
La crise de l’intelligence : nous sommes des hommes et des femmes super-informés, mais nous avons de grandes difficultés à penser, à mettre nos idées en place, à goûter le silence. Ce qui manque le plus à l’homme d’aujourd’hui, c’est une vie intérieure. Pascal disait encore : "Le grand
malheur des hommes, c’est qu’ils ne savent pas être au repos dans leur chambre".
La crise de la transmission des valeurs : nous sommes assurés contre toutes les infortunes sauf la maladie et la mort ; et ce qui est important c’est de se sentir bien sans contrainte, même si pour cela je dois sacrifier mon ami, mon conjoint, mon collègue. On pratique un humanisme social
qui se réduit à dire : ne faisons pas le mal ; mais nous n’avons pas besoin de Dieu pour faire le bien ! C’est un monde fermé à Dieu ! L’homme est capable de véritables grandeurs ; il n’a rien à attendre de Dieu !
Or nous chrétiens, nous serons toujours des résistants face à ce monde-là. Pour le dire avec Pascal : "hors de Jésus-Christ nous ne savons ni ce qu’est la vie, ni ce qu’est la mort, ni ce qu’est Dieu, ni ce que nous sommes nous-mêmes". Mais c’est à ce monde, notre monde, que nous avons à dire Jésus-Christ et son évangile "avec douceur et respect", selon la recommandation de Pierre.
Car, enfin, le seul problème qui existe, et qui est la valeur fondamentale à transmettre et à proposer, c’est de savoir s’il n’y a pas un cas unique où un homme a eu le droit de dire qu’il était Dieu ; non pas parce que cet homme se faisait Dieu, mais parce que Dieu s’est fait homme. Tout est là ! Ce n’est pas une utopie !
Voilà ce que nous avons à proposer ; voilà ce que nous célébrons. Si nous connaissons parfois quelque doute, quelque lassitude, souvenons-nous de ces deux dons magnifiques dont Dieu nous a gratifiés : une intelligence pour comprendre et un coeur pour aimer.
Ne soyons pas complexés. On nous dit être minoritaires. Disons que nous sommes une minorité qui compte ! À deux pas d’ici, au Collège des Bernardins, Benoît XVI a magistralement rappelé qu’il y a une nouveauté de l’annonce chrétienne. Cette nouveauté n’est autre que la possibilité de dire maintenant à tous les peuples : "Dieu s’est montré personnellement... La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée, mais dans un fait : Dieu s’est révélé". Le pape poursuivait disant que nos contemporains en dépit des apparences sont eux aussi en recherche de Dieu et doivent être mis en condition de pouvoir le "chercher et … de se laisser trouver par lui. Cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé". Et il concluait : "Une culture purement positiviste qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses capacités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves"... La recherche de Dieu et la disponibilité à l’écouter demeurent encore aujourd’hui le fondement de toute culture véritable.
Pour conclure, je voudrais dire que le dialogue interreligieux ne peut pas reposer sur un fond d’ignorance globale. Nous avons des racines ; nous avons à conserver le patrimoine humain et spirituel qui nous a modelés. Nous avons un rôle à tenir alors que tant de jeunes sont des héritiers
sans héritage et des constructeurs sans modèle. En 1905, Ferdinand Buisson n’hésitait pas à écrire :
"Pour l’éducation d’un enfant qui doit devenir homme, il est bon qu’il ait tour à tour été mis en contact avec les strophes enflammées des Prophètes d’Israël et des philosophes grecs, qu’il ait connu et senti quelque chose de la Cité antique. Il sera bon qu’on lui fasse connaître et sentir les plus belles pages de l’Evangile, comme aussi celles de Marc-Aurèle, qu’il ait feuilleté, comme Michelet, toutes les Bibles de l’humanité, qu’on lui fasse traverser, non pas avec prévention et avec un esprit critique, mais avec une chaude sympathie, toutes les formes de civilisation qui se sont succédées. Ce qui sortira de cette étude, ce
n’est pas le mépris, la haine, l’intolérance, c’est au contraire une large sympathie, une admiration respectueuse pour toutes les manifestations de la pensée sans cesse en marche vers un idéal sans cesse grandissant".
Ce siècle qui commence hérite du précédent : comme lui il est dominé par l’économie, les guerres et les inégalités. Mais il est aussi enrichi par les progrès des sciences et de la technique. Nos contemporains sont davantage conscients de leurs responsabilités dans la gestion des
ressources naturelles et dans l’usage à faire des résultats de la recherche scientifique. Après avoir maîtrisé les réalités physiques, on s’aventure maintenant dans la maîtrise du vivant. Des questions surgissent : allons-nous vers des confrontations ou vers un dialogue entre cultures et religions ?
Comme chrétiens, quelle sera notre contribution ? Serons-nous des inspirateurs ou des accompagnateurs ? Il est certes difficile de répondre, mais j’ai la conviction que le christianisme, qui n’a jamais été aussi universel qu’aujourd’hui, saura, comme il a su le faire durant sa longue histoire, profiter de la mondialisation – qui est un fait – pour offrir sa contribution à deux nécessités qu’elle-même n’est pas en mesure d’assurer : la justice et la paix. Nous le ferons dans l’Église, cette Église parfois ridée, mais toujours naissante, qui engendre des apôtres capables d’oser pour que
cette terre ne manquent jamais d’espérance et d’amour.
On pose souvent la question : le christianisme va-t-il mourir ? personnellement je me pose une autre question : quand le Christianisme va-t-il commencer à exister ? "Nous autres les premiers chrétiens", écrivait mon compatriote F. Mauriac !
Ce qui est à la fois magnifique et terrifiant, c’est que Dieu nous laisse libres. Nous pouvons dire "non" à Dieu ! Nous avons le pouvoir de nous sauver ou de nous perdre. Le problème n’est ni la mort, ni l’absurde, c’est la liberté. Tel est Dieu, tel est l’homme. Ce qui faisait dire au grand poète allemand, contemporain de Goethe, Friedrich Hölderlin (et c’est à lui que j’emprunte ma conclusion) : "Dieu a créé l’homme, comme la mer fait les continents, en se retirant".
servir, de soigner, d’éduquer.
Mais malheureusement deux grands obstacles conditionnent le rayonnement des croyants :
La crise de l’intelligence : nous sommes des hommes et des femmes super-informés, mais nous avons de grandes difficultés à penser, à mettre nos idées en place, à goûter le silence. Ce qui manque le plus à l’homme d’aujourd’hui, c’est une vie intérieure. Pascal disait encore : "Le grand
malheur des hommes, c’est qu’ils ne savent pas être au repos dans leur chambre".
La crise de la transmission des valeurs : nous sommes assurés contre toutes les infortunes sauf la maladie et la mort ; et ce qui est important c’est de se sentir bien sans contrainte, même si pour cela je dois sacrifier mon ami, mon conjoint, mon collègue. On pratique un humanisme social
qui se réduit à dire : ne faisons pas le mal ; mais nous n’avons pas besoin de Dieu pour faire le bien ! C’est un monde fermé à Dieu ! L’homme est capable de véritables grandeurs ; il n’a rien à attendre de Dieu !
Or nous chrétiens, nous serons toujours des résistants face à ce monde-là. Pour le dire avec Pascal : "hors de Jésus-Christ nous ne savons ni ce qu’est la vie, ni ce qu’est la mort, ni ce qu’est Dieu, ni ce que nous sommes nous-mêmes". Mais c’est à ce monde, notre monde, que nous avons à dire Jésus-Christ et son évangile "avec douceur et respect", selon la recommandation de Pierre.
Car, enfin, le seul problème qui existe, et qui est la valeur fondamentale à transmettre et à proposer, c’est de savoir s’il n’y a pas un cas unique où un homme a eu le droit de dire qu’il était Dieu ; non pas parce que cet homme se faisait Dieu, mais parce que Dieu s’est fait homme. Tout est là ! Ce n’est pas une utopie !
Voilà ce que nous avons à proposer ; voilà ce que nous célébrons. Si nous connaissons parfois quelque doute, quelque lassitude, souvenons-nous de ces deux dons magnifiques dont Dieu nous a gratifiés : une intelligence pour comprendre et un coeur pour aimer.
Ne soyons pas complexés. On nous dit être minoritaires. Disons que nous sommes une minorité qui compte ! À deux pas d’ici, au Collège des Bernardins, Benoît XVI a magistralement rappelé qu’il y a une nouveauté de l’annonce chrétienne. Cette nouveauté n’est autre que la possibilité de dire maintenant à tous les peuples : "Dieu s’est montré personnellement... La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée, mais dans un fait : Dieu s’est révélé". Le pape poursuivait disant que nos contemporains en dépit des apparences sont eux aussi en recherche de Dieu et doivent être mis en condition de pouvoir le "chercher et … de se laisser trouver par lui. Cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé". Et il concluait : "Une culture purement positiviste qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses capacités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves"... La recherche de Dieu et la disponibilité à l’écouter demeurent encore aujourd’hui le fondement de toute culture véritable.
Pour conclure, je voudrais dire que le dialogue interreligieux ne peut pas reposer sur un fond d’ignorance globale. Nous avons des racines ; nous avons à conserver le patrimoine humain et spirituel qui nous a modelés. Nous avons un rôle à tenir alors que tant de jeunes sont des héritiers
sans héritage et des constructeurs sans modèle. En 1905, Ferdinand Buisson n’hésitait pas à écrire :
"Pour l’éducation d’un enfant qui doit devenir homme, il est bon qu’il ait tour à tour été mis en contact avec les strophes enflammées des Prophètes d’Israël et des philosophes grecs, qu’il ait connu et senti quelque chose de la Cité antique. Il sera bon qu’on lui fasse connaître et sentir les plus belles pages de l’Evangile, comme aussi celles de Marc-Aurèle, qu’il ait feuilleté, comme Michelet, toutes les Bibles de l’humanité, qu’on lui fasse traverser, non pas avec prévention et avec un esprit critique, mais avec une chaude sympathie, toutes les formes de civilisation qui se sont succédées. Ce qui sortira de cette étude, ce
n’est pas le mépris, la haine, l’intolérance, c’est au contraire une large sympathie, une admiration respectueuse pour toutes les manifestations de la pensée sans cesse en marche vers un idéal sans cesse grandissant".
Ce siècle qui commence hérite du précédent : comme lui il est dominé par l’économie, les guerres et les inégalités. Mais il est aussi enrichi par les progrès des sciences et de la technique. Nos contemporains sont davantage conscients de leurs responsabilités dans la gestion des
ressources naturelles et dans l’usage à faire des résultats de la recherche scientifique. Après avoir maîtrisé les réalités physiques, on s’aventure maintenant dans la maîtrise du vivant. Des questions surgissent : allons-nous vers des confrontations ou vers un dialogue entre cultures et religions ?
Comme chrétiens, quelle sera notre contribution ? Serons-nous des inspirateurs ou des accompagnateurs ? Il est certes difficile de répondre, mais j’ai la conviction que le christianisme, qui n’a jamais été aussi universel qu’aujourd’hui, saura, comme il a su le faire durant sa longue histoire, profiter de la mondialisation – qui est un fait – pour offrir sa contribution à deux nécessités qu’elle-même n’est pas en mesure d’assurer : la justice et la paix. Nous le ferons dans l’Église, cette Église parfois ridée, mais toujours naissante, qui engendre des apôtres capables d’oser pour que
cette terre ne manquent jamais d’espérance et d’amour.
On pose souvent la question : le christianisme va-t-il mourir ? personnellement je me pose une autre question : quand le Christianisme va-t-il commencer à exister ? "Nous autres les premiers chrétiens", écrivait mon compatriote F. Mauriac !
Ce qui est à la fois magnifique et terrifiant, c’est que Dieu nous laisse libres. Nous pouvons dire "non" à Dieu ! Nous avons le pouvoir de nous sauver ou de nous perdre. Le problème n’est ni la mort, ni l’absurde, c’est la liberté. Tel est Dieu, tel est l’homme. Ce qui faisait dire au grand poète allemand, contemporain de Goethe, Friedrich Hölderlin (et c’est à lui que j’emprunte ma conclusion) : "Dieu a créé l’homme, comme la mer fait les continents, en se retirant".
Jean-Louis Card. Tauran
Institut Catholique de Paris, 23 novembre 2010
Institut Catholique de Paris, 23 novembre 2010