Dans l’Eglise, le temps pascal se termine au jour de la Pentecôte. Lors de l’événement de l’Ascension, Jésus « disparaît » aux yeux des Apôtres et ils rentrent tout joyeux à Jérusalem, en attente de la Promesse du Père, le don de l’Esprit.
Les jours de la Passion et les 50 jours après Pâques se déroulent sous nos yeux, dans le temps liturgique et historique. Mais « aux yeux de Dieu » si j’ose dire, c’est un même et unique acte, le « Jour du Seigneur », qui se réalise pour nous ; car les temps sont accomplis et le Salut est au milieu de nous pour toujours, jusqu’à la fin des temps.
Le don de l’Esprit, qui est répandu sur la création au jour de la Pentecôte, clôt pour ainsi dire la manifestation divine trinitaire ; et l’Eglise, à partir des premiers témoins que sont les Apôtres, aura pour mission de transmettre cette révélation à tous les hommes de tous les temps. Création, Rédemption et Divinisation sont un même acte unique de Dieu comme nous le montre bien, par exemple, le psaume 135 ou le premier chapitre de la lettre aux Ephésiens. Et l’unique raison de tout cela est dans le texte : « Car éternel est son amour » ou :« Le dessein bienveillant formé en Lui par avance . . . »
Qui sont les témoins ?
Notre foi repose donc sur le témoignage des Apôtres qui ont vu Jésus vivre avec eux au quotidien, mort sur la croix, ressuscité le troisième jour, avec qui ils ont mangé et bu après sa résurrection (Ac 10,41) et qui les a envoyés porter la Bonne Nouvelle à toutes les nations en commençant par Jérusalem.
Ces témoins ne sont pas n’importe qui. Jésus ressuscité ne s’est pas manifesté aux foules mais aux « frères » et une fois à plus de cinq cent à la fois nous dit Paul. Jésus ne peut être reçu que par ceux qui croient en lui. C’est le grand mystère de la puissance de la résurrection : elle ne peut être imposée et comme elle est le cœur de la foi chrétienne elle est aussi le lieu par excellence où se manifeste la liberté de chaque homme.
Après le rapport des gardes du tombeau, les autorités de Jérusalem ont préféré se boucher les yeux, acheter de faux témoignages, et mentir sur la réalité. Jésus ressuscité ne vient pas rencontrer Hérode ou Pilate : l’extraordinaire ne convertit pas un cœur non ouvert à la grâce.
On pourrait alors penser que c’est bien injuste puisque les Actes des Apôtres nous disent qu’il n’est apparu qu’à ceux qui furent choisis par Dieu, « non à tout le peuple, mais à ceux que Dieu avait choisis d’avance » (Ac 10,41). Sont-ils des privilégiés ? Dieu aurait-il ses favoris ? Jésus a choisi ses disciples « pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » nous dit l’Evangile. Et ces hommes sont ceux que le Père Lui a donnés alors qu’ils étaient à lui (Jn 17,6). Mais c’est chaque homme qui par sa nature même de créature de Dieu a en lui la grâce de s’ouvrir à la Bonne Nouvelle du Salut - à condition bien sûr qu’il y ait des frères pour la lui annoncer.
Le plus urgent aujourd’hui
C’est sans doute ce qui est le plus urgent aujourd’hui : que les chrétiens sentent leur immense responsabilité. Par l’annonce de l’Evangile à quelqu’un je permets à la grâce qui est en lui de se développer, elle qui est comme le grain de moutarde de la parabole en attente de croitre. Lorsqu’on a vraiment compris que cette grâce divine en chaque homme est là pour le conduire à sa pleine stature d’homme parfait, d’enfant de Dieu dans le Saint Esprit, il y a une grande joie à lui révéler le trésor qu’il porte en lui-même, à lui faire voir que tous nous l’avons, et que cela rend heureux dès maintenant !
La fameuse « nouvelle évangélisation » dont tout le monde (en Eglise) parle est quelque chose de tout simple : reprendre résolument le chemin des Apôtres car « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12). Et, Jésus avait dit « Père garde-les dans ton Nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient Un comme nous » (Jn 17,11).
Nous sommes ressuscités avec le Christ
Puisque nous sommes ressuscités avec le Christ (Co 3), vivons selon la résurrection et non comme si nous n’étions pas ressuscités avec lui. Bien sûr nous sommes encore en chemin vers le Royaume, mais unis dans le Corps du Christ, nous savons que la tête de ce Corps est dans les cieux et que le sang du Christ qui circule dans ce Corps nous « purifie de tout péché. »
Vivons sans regarder en arrière car alors nous ne vivons plus de notre grâce du Royaume qui a été préparé pour nous avant la fondation du monde (Mt 25).
L’espérance chrétienne est notre force. Le Saint Père Benoit XVI revient constamment là-dessus. N’hésitons pas à nous nourrir de sa parole, notamment les homélies du mercredi et des grandes fêtes. Nous avons besoin, tous, de cette nourriture spirituelle.
Cette année, pour les fêtes pascales, nous avons constaté qu’il y avait beaucoup plus de gens présents aux liturgies. Réjouissons-nous de cela mais aussi répondons à cette demande réelle de nourriture. Le chiffrage n’est pas important mais le désir des fidèles oui ! Vous tous qui avez soif, venez, dit Isaïe. Car de son sein, coulent l’eau et le Sang qui nous unissent à Lui.
Père Pierre-Joseph Villette