Jeudi 2 juin 2016
Première méditation :
De l’éloignement à la fête
Basilique Saint-Jean-de-Latran
Et maintenant passons à la première méditation. J’ai mis comme titre “De l’éloignement à la fête”. Si la miséricorde de l’Évangile est, comme nous l’avons dit, un excès de la part de Dieu, un débordement inédit, la première chose à faire, c’est de regarder où le monde d’aujourd’hui et chaque personne ont le plus besoin d’un tel excès d’amour. Avant tout, il faut nous demander quel est le réceptacle d’une telle miséricorde ; quel est le terrain désert et sec pour un tel débordement d’eau vive ; quelles sont les blessures pour cette huile balsamique ; quels orphelins ont besoin de cette prodigalité en tendresse et en sollicitude ; quel est l’éloignement par rapport à une si grande soif d’accolade et de rencontre….
La parabole que je vous propose pour cette méditation est celle du Père miséricordieux (cf. Lc 15, 11-31). Nous sommes dans le domaine du mystère du Père. Et il me vient à l’esprit de commencer par ce moment où le fils prodigue se trouve dans la porcherie, dans cet enfer de l’égoïsme, ce fils qui a fait tout ce qu’il voulait et qui, au lieu d’être libre, se retrouve asservi. Il regarde les porcs qui mangent les gousses…, il en a envie et il est gagné par la nostalgie. Nostalgie : mot-clé. La nostalgie du pain fraîchement sorti du four que les employés de sa maison, la maison de son père, mangent au petit déjeuner. La nostalgie est un sentiment puissant. Il a rapport avec la miséricorde, parce qu’il élargit notre âme. Il nous amène à nous rappeler le bien primordial – la patrie d’où vous venons – et nous éveille à l’espérance d’y retourner. Le nostos algos. Dans ce large horizon de la nostalgie, ce jeune – dit l’Évangile – est entré en lui-même et s’est senti misérable. Et chacun de nous peut chercher ou se laisser porter à ce point où il se sent plus misérable. Chacun de nous a son secret de misère au-dedans… Il faut demander la grâce de le trouver.
Lire le texte intégral de la première méditation
Deuxième méditation
le réceptacle de la Miséricorde
Basilique Sainte-Marie-Majeure
Après avoir prié sur cette « dignité honteuse » et sur cette « digne honte », qui sont les fruits de la Miséricorde, avançons avec cette méditation sur le « réceptacle de la Miséricorde ». Il est simple. Je pourrais dire une phrase et m’en aller, parce qu’il est unique : le réceptacle de la Miséricorde est notre péché. C’est aussi simple. Mais il arrive souvent que notre péché soit comme une passoire, comme une cruche percée, ce qui fait que la grâce s’en échappe en peu de temps : « Oui, mon peuple a commis deux méfaits : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes, des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau » (Jr 2, 13). D’où la nécessité que le Seigneur explique à Pierre de ‘‘pardonner soixante-dix fois sept fois’’. Dieu ne se lasse pas de pardonner, mais c’est nous qui nous fatiguons de demander pardon. Dieu ne se lasse pas de pardonner, même s’il voit que sa grâce semble ne pas parvenir à s’enraciner fortement dans la terre de notre cœur, qui est un chemin dur, encombré de mauvaises herbes et pierreux. C’est simplement parce que Dieu n’est pas pélagien, pour cette raison il ne se lasse pas de pardonner. Il revient semer sa miséricorde et son pardon, et il revient, il revient, il revient… soixante-dix fois sept fois.
Lire le texte intégral de la deuxième méditation
Troisième méditation
La bonne odeur du Christ et la lumière de sa Miséricorde.
Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs
Nous espérons que le Seigneur nous accordera ce que nous avons demandé dans la prière : imiter l’exemple de la patience de Jésus et grâce à la patience surmonter les difficultés.
Cette troisième méditation a pour titre : ‘‘La bonne odeur du Christ et la lumière de sa miséricorde’’.
Dans cette troisième rencontre, je vous propose de méditer sur les œuvres de miséricorde, soit en prenant l’une d’entre elles, celle que nous pensons être la plus liée à notre charisme, soit en les contemplant toutes ensemble, les regardant avec les yeux miséricordieux de Notre Dame qui nous fait découvrir le vin qui manque et qui nous encourage à faire tout ce que Jésus nous dit (cf. Jn 2, 1-12) pour que sa miséricorde opère les miracles dont notre peuple a besoin.
Les œuvres de miséricorde sont très liées aux ‘‘sens spirituels’’. En priant nous demandons la grâce de ‘‘sentir et de goûter’’ l’Évangile, de telle sorte qu’il nous rende sensible à la vie. Mus par l’Esprit, guidés par Jésus, nous pouvons voir déjà de loin, avec un regard de miséricorde, celui qui est tombé au bord du chemin, nous pouvons entendre les cris de Bartimée, nous pouvons sentir comme le Seigneur sent, sur le bord de son manteau, le contact timide mais décidé de l’hémorroïsse, nous pouvons demander la grâce de goûter avec lui sur la croix la saveur amère du fiel de tous les crucifiés, pour sentir ainsi la forte odeur de la misère – dans les hôpitaux de campagne, dans les trains et les barques remplies de gens – ; cette odeur que l’huile de la miséricorde ne couvre pas, mais qui, en étant ointe, fait que s’éveille une espérance.