La Charité aime ce qui est.
Dans le Temps et dans l’Éternité.
Dieu et le prochain.
Comme la Foi voit.
Dieu et la création.
Mais l’Espérance aime ce qui sera.
Dans le temps et dans l’éternité.
Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité

Charles Péguy
Le Porche du mystère de la deuxième vertu

Certains parmi nous se souviennent que le jubilé de l’an 2000 était axé sur la foi triomphante au Christ : « Le Christ, hier, aujourd’hui et toujours ». S’en dégageait un sentiment d’une foi forte, confiante, entreprenante, la nouvelle évangélisation… Le jubilé de 2025 a une couleur bien plus modeste. Nous demandons d’être transformés en « pèlerins de l’espérance chrétienne ».

Cette inflexion dit quelque chose de la situation présente de notre Église et de notre monde, si plein de tensions. Elle nous ouvre au chemin de la réponse véritable : « L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera » (Charles Péguy). L’Espérance appelle d’abord à se mettre en mouvement. Aujourd’hui, nous avons à accepter de marcher dans la nuit noire vers tout surgissement de la lumière, aller à elle et accepter qu’elle disparaisse, puis réapparaisse ailleurs et aller encore à elle et encore et encore. C’est cela l’Espérance.

Et, à travers cela, n’en doutons pas, il nous sera donné de découvrir un nouveau chemin de la foi pour que, dans le monde tel qu’il est, l’amour au sein de l’humanité s’épanouisse. Nous avons à quitter nos certitudes pour recevoir les signes discrets du Ressuscité. Réentendons le propos de Christian de Chergé quelques semaines avant sa disparition : « Il n’y a d’espérance que là où on accepte de ne pas voir l’avenir… Vouloir imaginer l’avenir, c’est faire l’espérance-fiction. Dès que nous pensons l’avenir, nous le pensons comme le passé. Nous n’avons pas l’imagination de Dieu. Demain sera autre chose et nous ne pouvons pas l’imaginer ».

Acceptons de cheminer vraiment. Tout au long de cette année, nous recevrons les intentions mensuelles du Pape, à la lumière de cette Espérance. Elle nous conduit à la Vie. N’en doutons pas.

Jean Luc Fabre sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France