La « Mission Naïm Espérance » d’Avignon à Tours

8 juillet 2024

Accueillie en 2015 dans notre diocèse par Mgr Cattenoz, Carine Neveu, à l’origine de l’Association Naïm Espérance, a été envoyée au service de différents diocèses à l’étranger. Elle va bientôt quitter le diocèse d’Avignon pour gagner celui de Tours. Nous lui avons demandé de nous retracer son parcours.

Carine Neveu, quel est votre parcours et pourquoi êtes vous partie en mission à l’étranger ?

Carine Neveu  : J’ai fait des études et obtenu un master de Coordination dans la Solidarité Internationale – Sécurité alimentaire en 2004, ce qui m’a permis de travailler ensuite dans l’humanitaire.

En mission professionnelle dans le cadre de Fidesco, (Organisation catholique de solidarité internationale créée en 1981), j’ai découvert la foi catholique et j’ai reçu le baptême. Depuis 2007, je suis laïque consacrée de la Communauté de l’Agneau et c’est là mon lieu de ressourcement.
Déjà saisie par les lieux de grande détresse, j’ai constaté que l’on apporte beaucoup de « choses » matérielles mais que la dimension spirituelle est quasi absente. Après une mission indonésienne, suite au tsunami, j’ai décidé de me tourner entièrement vers la mission au sein de l’Église catholique. Pour moi, la dimension humanitaire est très importante, mais pas suffisante : il est aussi capital d’évangéliser.

Quelle est l’origine et le but de votre association Naïm Espérance ?

Carine  : En 2015, je suis envoyée en mission, seule, par l’archevêque diocésain d’Avignon, qui est alors Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz.
L’association « Mission Naïm Espérance » est créée en 2021, en co-fondation avec Fidesco, suite à l’arrivée de jeunes bénévoles.

La Mission Naïm Espérance offre un soutien fraternel et spirituel à travers une présence de consolation et de compassion auprès de personnes vulnérables vivant dans une extrême pauvreté ou touchées par des catastrophes naturelles, économiques ou des conflits armés. Elle se dirige principalement vers les réfugiés/déplacés et vient compléter l’aide matérielle prise en charge par les ONG, indispensable au développement intégral de chaque personne humaine.

Cette mission se réalise aussi lors de mes séjours en France à travers les différents témoignages que je peux exprimer dans l’une ou l’autre paroisse de notre territoire.

Depuis 2022 est arrivée Violaine de la Théardière comme missionnaire permanente ; ce qui me procure beaucoup de joie et donne une dimension supplémentaire à la mission

Que faites vous concrètement dans vos missions ?

Carine : Avant toute action concrète, notre premier objectif est d’être à l’écoute de ce qui se passe sur le terrain. Il s’agit de se rendre disponible au réel en totale gratuité pour « être avec » les personnes vers lesquelles nous allons : leurs besoins, leurs attentes.
Concrètement, nous avons organisé des groupes de prière pour les enfants appelés « oratoires ». Leur prière nous touche beaucoup.

Nous avons mis en place l’adoration du St Sacrement de façon régulière, dans les camps là où il y a des chrétiens et nous leur proposons des activités pastorales ( L’école de la Parole, le chapelet, préparation aux sacrements, prière des frères, etc…)

Nous visitons les familles, les personnes isolées, les malades, les prisonniers, les enfants des rues, dans les hôpitaux, dans les camps, dans les centres d’accueil et spécialisés, etc…pour leur redonner espérance.

Nous proposons des activités récréatives multiples pour les enfants : musique, théâtre, sorties, sport pour les extraire de leur quotidien et leur offrir le beau. Je garde au coeur la joie des enfants qui nous sautent au cou !

Lorsque nous revenons en France nous avons à coeur d’éveiller les gens à la mission et de leur transmettre la joie de la mission, notamment en racontant les témoignages recueillis auprès ce ceux que nous avons côtoyés.

Quels ont été vos lieux de vos missions ?

Carine : J’ai été 2 ans en Irak auprès des chrétiens d’Erbil pendant l’époque où sévissait Daech. (2016-2017) . Puis 2 ans (2018-209) à Khartoum auprès des réfugiés du Soudan du sud sur 4 paroisses.

Après un an à Juba au Soudan du Sud, je suis partie en Grèce, dans l’île de Samos où j’ai séjourné dans un camp de réfugiés auprès d’un prêtre jésuite en lien avec la paroisse locale.

J’ai travaillé au service d’un diocèse maronite auprès des réfugiés syriens au sanctuaire marial de Bechweit ( Liban) (2021-2022)

En Turquie et Ukraine en 2023, Violaine et moi-même, nous avons vécu une mission ponctuelle auprès des victimes de la guerre, puis en mission courte en Irak auprès des chrétiens d’Orient revenus chez eux.

J’arrive du Soudan du Sud auprès des auprès des réfugiés du Nord Soudan, des enfants des rues et des prisonniers.

Quels sont les plus beaux moments de votre mission et qu’avez vous envie de de dire aux diocésains d’Avignon ?

Carine : Ce qui me touche le plus, c’est de voir Dieu qui est à l’œuvre dans le coeur des personnes : sa présence les console et leur redonne espérance.

En même temps dans ces missions, je découvre la beauté de l’Église universelle et je fais l’apprentissage de la vie au souffle de l’Esprit Saint.
Quand on est docile et abandonné à Lui, il nous fait faire des choses incroyables pour la mission.

Je voudrais aussi rendre grâce pour ces années portées et soutenues par le Diocèse d’Avignon et par nos évêques.
D’abord Mgr Jean-Pierre Cattenoz qui a eu confiance en mon appel et m’a guidé pour le vivre. Et aussi Mgr François Fonlupt qui a pris le relai pour continuer à m’envoyer en mission avec confiance.

Merci aux prêtres, aux communautés, aux paroisses, aux écoles, d’avoir été accueillants. J’ai beaucoup aimé le Vaucluse comme lieu de repos et de ressourcement.
Une autre terre m’appelle pour la croissance de l’Association dont le siège est à Paris. Aussi, l’archevêque de Tours, Monseigneur Jordy, a accepté de m’accueillir. En accord avec son conseil épiscopal, il m’enverra dans la prochaine mission .

N’hésitez pas à visiter le Site internet de Mission Naïm Espérance

Carine Neveu nous indique la parution le 4 septembre prochain, chez Artège, de son ouvrage « J’ai choisi le suivre le Christ parmi les pauvres, » écrit en collaboration avec Benjamin Coste. ( 216 pages, 18.90 euros)