Ainsi nous accueillait le répondeur du portable du Père Alain Diedhiou ! Comme il avait raison !
Le Christ, « Soleil levant », est venu pour « guider nos pas aux chemin de la paix ». Les hommes cherchent à établir la paix entre eux et comme c’est difficile et hyper fragile lorsqu’un petit résultat seulement est obtenu. Et pourtant la venue du Christ en notre chair est annonce de ce don aux hommes : « Paix sur la terre aux hommes aimés de Dieu » chantent les anges à Bethléem.
La paix que nous apporte le Seigneur est donc bien loin de celle que les hommes tentent, non sans raison, d’établir entre eux. La paix divine ne demande pas de négociations longues et risquées, pas de concession non plus, pas de victoire ni de défaite. Elle est le don permanent et surprenant que Dieu fait à chacun de nous, et que nous recevons en ouvrant notre cœur.
Deux paroles de Jésus semblent se contredire cependant : "Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » (Mt 10,34) et "Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27). Mais, ajoute-t-il : "Pas à la manière du monde ». Cette paix est la paix divine qui va à l’encontre de la vie ordinaire des hommes, vie faite trop souvent de rivalités, de luttes, de jalousie, de peur, etc.. Cette paix que Jésus nous donne et nous laisse comme en héritage, est « l’atmosphère » éternelle de la vie trinitaire. « Notre Dieu est un Dieu de paix », « Il est la paix ».
Il dépose en nous, au jour de notre baptême une force de paix à mettre en œuvre tout au long de notre vie par la force de l’Esprit Saint ; c’est une paix divine qui repose sur la miséricorde de notre Dieu.
Une prière que nous disons à chaque eucharistie peut nous aider à mieux comprendre cela : « Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes apôtres ’ Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix’ ; ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Eglise ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne lui toujours cette paix, et conduis la vers l’unité parfaite, toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Puis "Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous" et « dans la charité du Christ donnez vous la paix ».
La source de la paix intérieure est le don de cette paix divine qui se manifeste par le fait que le Seigneur ne « regarde pas nos péchés, mais la foi de son Eglise ». Celui qui croit au Fils de Dieu (donc qui vit dans la foi de l’Eglise) échappe au jugement, nous dit Jésus en saint Jean. Le Seigneur ne regarde pas nos péchés. Et selon d’autres passages scripturaires Il les jette au fond de la mer, ou bien derrière lui, ou bien il "baisse les yeux pour ne pas voir le mal."
Tout cela nous montre que le Seigneur ne voit pas le péché mais le pécheur. Car, nous dit saint Thomas, « Dieu est sans idée du mal ».
La volonté de Dieu - "que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" - ne peut être accomplie que dans l’Eglise vivant de la paix divine. Cette paix divine nous vient de l’eucharistie du Seigneur et nous sommes appelés à nous la donner les uns aux autres. C’est pourquoi le geste utilisé lors de la messe doit vraiment jaillir du plus profond de notre cœur, dans la charité du Christ saluant ses disciples après la résurrection : « La paix soit avec vous ». Ce n’est pas là le moment de se donner des nouvelles ni même de se dire bonjour ; c’est un acte de foi par lequel je reconnais comme frère dans le Christ celui qui est à mes côtés, et donc je peux lui donner cette paix que j’ai moi-même reçue de Dieu. Et cela, avant de recevoir le Christ lui-même dans le sacrement qui nous unit totalement dans la famille divine.
Cette paix qui vient de Dieu nous conduira alors dans la vie quotidienne puisque "justice et paix s’embrassent » nous dit le psaume 84. C’est une paix de communion, qui se nourrit de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint . Nous sommes tous appelés à être des hommes et des femmes de paix dans notre mission d’annonce de l’Evangile puisque les artisans de paix seront appelés « fils de Dieu ». Et c’est avec l’humilité du Christ que cette paix rayonnera autour de nous et « fera du bien » à tous.
Peu d’entre nous aurons à participer aux grandes négociations de notre monde politique et social, mais nous sommes tous en messagers de la paix divine pour nos proches, pour tous ceux que nous rencontrerons chaque jour et qui, comme nous, ont besoin d’avoir le cœur en paix.
« Aie la paix dans ton cœur et des milliers autour de toi trouveront le salut » disait saint Séraphim de Sarov.
Père Pierre Joseph Villette
Extrait de Eglise d’Avignon n°95, décembre 2013