« Par Lui, avec Lui et en Lui »… C’est par cette acclamation de la doxologie que nous terminons la prière eucharistique. C’est aussi par cette affirmation que nous devons envisager la royauté du Christ, radicalement pauvre et humble.
Cette fête qui clôture l’année liturgique nous rappelle que notre Dieu est pauvre, que notre Dieu est humble, et que son règne n’est pas un déchaînement de puissance et de domination…
Au contraire, c’est un règne de liberté et d’amour qui rend témoignage à la Vérité.
« Alors, tu es roi ? »…. Comme si Pilate pouvait être étonné, et nous avec lui, de ne pas avoir reconnu notre roi… un roi exigeant… dont la voix ne se fait entendre que de ceux qui cherchent la vérité, qui veulent entrer en relation avec Lui. Voilà le grand mystère. Jamais nous n’aurions pu découvrir à travers cette faiblesse, cette détresse, le visage
même de notre roi. C’est que ce roi est libre, libre de cette infinie liberté parce qu’Il est libre de soi, il n’est pas prisonnier de sa fonction, en lui aucune entrave, aucun obstacle… Il est tout entier roi, même dans la déréliction, les contradictions.
Le christianisme est une Présence… Nous avons à percevoir en chaque homme cette dimension divine souveraine, qui le rend si unique et si nécessaire, unique aussi parce que nécessaire, parce que chacun est
indispensable pour que la Création continue de s’achever.
Cette fête nous parle de notre vocation, du projet de Dieu pour l’humanité…. Nous sommes faits pour être roi ! Et ceux qui ont conscience de leur dignité ne restent pas au coeur de ce monde sans le transformer en un Royaume de Justice et de Paix. Par des actes et des choix courageux Ils apportent une Espérance qui ne cesse d’affirmer la
grandeur de la nature humaine.
C’est que le royaume de Dieu ne peut s’établir que sur un règne de confiance et d’alliance. Pour rencontrer Dieu, pour le voir, il faut être marqué au plus intime de notre être de sa Présence. C’est cela que nous recevons lors du baptême : nous sommes marqués du sceau de Dieu, de sa marque d’amour pour nous, du sacrement de son royaume.
Le Christ nous a rendu en grâces ce qu’Adam nous avait ravi par son péché. Ce Dieu que certains imaginent si lointain, ce roi que l’on croit enfermé dans son palais, il est là, proche de nous, dans le dépouillement
de la crèche, dans la désappropriation de lui-même dans le don de sa vie, dans sa pauvreté même… par Le Christ, nous réintégrons cet immense espace intérieur à nous-même, où le monde se reconstitue et acquiert son vrai visage.
Le Royaume de Dieu commence dans notre coeur… C’est là que doivent se taire les guerres, s’établir la paix, se faire jour la Vérité. C’est là que le Christ doit commencer de régner !
Voilà cette royauté qui est universelle…. Qui récapitule tout, qui ressaisie tout, qui redimensionne notre humanité à la dimension du coeur du Christ, loin de nos univers étriqués dans lesquels nous tenons parfois notre vie spirituelle.
Dans le Christ, toute l’histoire, toute l’humanité, tout l’univers devient l’offrande dans laquelle la création va s’achever, pour lui conférer cette dimension d’amour et de liberté, rassemblant tous les chercheurs de la vérité.
Entrons dans cette dimension où le Christ va nous accueillir en portant notre offrande qui est tout l’univers, qui est toute l’histoire, toute l’humanité. En rendant grâces pour toutes les créatures, parce que Dieu est Amour, parce que Dieu est pauvreté, parce que Dieu est liberté, parce que c’est en lui justement que nous pouvons accéder jusqu’à
nous-même, et apprendre ce merveilleux secret de Jésus lui-même : que la grandeur ne consiste pas à se mettre au-dessus, que la grandeur n’est pas exiger, n’est pas commander, que la grandeur pour être, consiste à se donner totalement.
En cette fête du Christ Roi, ressaisissons-nous, parce que nous sommes roi par lui, avec lui et en lui pour transformer ce monde, appelés à collaborer pour achever dans la beauté cette création si merveilleuse.
Père Frédéric Fermanel
Extrait de la Lettre d’Informations du diocèse d’Avignon, 25 novembre 2012