Un peu d’histoire pour comprendre ce que représente un lieu jubilaire à Rome et un lieu jubilaire dans notre diocèse.
Les basiliques majeures à Rome
Seules quatre basiliques majeures existent dans le monde : elles sont à Rome. Il s’agit de Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du pape, évêque de Rome ; la « chapelle » du Vatican, Saint-Pierre, écrin du tombeau de l’Apôtre à qui est confié le soin d’affermir ses frères ; Sainte-Marie-Majeure, la première église consacrée en l’honneur de la Vierge-Marie ; Saint-Paul-Hors-les-Murs, sur le tombeau de l’Apôtre de Nations.
Ces lieux ont une place particulière dans la vie et la mission de l’Église. Dans les religions antiques, seul le prêtre entre dans le temple, qui n’est pas un lieu de rassemblement, mais celui de l’offrande, du sacrifice. Avec l’avènement de la foi chrétienne, et surtout à partir de l’Édit de Constantin par lequel cessent les persécutions, les chrétiens vivent leur foi au grand jour, publiquement et au cœur de la société. Or, fidèles aux enseignements du Seigneur et à la Tradition de l’Église, ils se rassemblent « pour la Fraction du pain » et célébrer la Résurrection du Seigneur, le premier jour de la semaine, ce qui est devenu notre Dimanche, ou le « jour du soleil » ainsi qu’il était nommé dans l’Antiquité.
Pour ces rassemblements d’une foule nombreuse, il faut des lieux adaptés à l’accueillir. C’est ainsi que les chrétiens ont investi les basiliques romaines, lieux publics où le « basileus », c’est-à-dire le roi, rend la justice. C’est de ces grands lieux de rassemblement des baptisés pour célébrer le mystère de la foi, dont nos basiliques majeures sont héritières.
Ce sont des lieux qui rassemblent les baptisés, où leur foi est nourrie et affermie, par le témoignage et le rayonnement du mystère et des saints qui sont vénérés. Saint-Jean-de-Latran, de son titre complet archibasilique du Très-Saint-Sauveur-et-des-Saints-Jean-Baptiste-et-Jean-l’Évangéliste du Latran, est le cœur de la foi qui célèbre le Saint-Sauveur qui poursuit sa mission de pasteur sur toute l’Église par le pape, dont elle est la cathédrale, non seulement pour Rome, comme pasteur propre de ce diocèse, mais pour l’Église universelle, dont il est aussi le pasteur propre. D’un autre côté, nous avons non seulement les tombeaux mais aussi le lieu du martyre des deux apôtres Pierre et Paul, colonnes de l’Église. Sainte-Marie-Majeure, met devant nos yeux celle qui est la première Église par son oui, et en qui s’accomplissent les promesses de Dieu.
Le pavillon pontifical, insigne des basiliques
L’un des insignes distinctifs de ces basiliques est le pavillon basilical, ou ombrellino, sorte de parasol constitué de pièces de tissus alternativement rouge et jaune. Autrefois, le pavillon était porté ouvert au-dessus du pape, afin qu’il soit identifié de loin. Dans les basiliques, il est conservé fermé… sauf quand le pape est présent dans la basilique. C’est aussi l’insigne des basiliques mineures, indiquant ainsi le lien entre les majeures, les mineurs, le pape et l’Église universelle.
En effet, c’est le pape qui accorde ce titre aux églises dans le monde, lorsqu’il est attesté qu’elles sont des lieux particuliers de rassemblement des chrétiens, où leur foi est affermie. Chaque basilique mineure est affiliée à une basilique majeure.
Les basiliques de notre diocèse
Notre-Dame-des-Doms qui fut utilisée comme cathédrale par les papes durant leur séjour, et la cathédrale Sainte-Anne d’Apt qui conserve les reliques de la Grand-Mère de Notre-Seigneur, Saint Anne et qui se trouve être le plus antique sanctuaire qui lui est dédié sur le territoire de ce qui est aujourd’hui la France ont reçu au cours du XIXe siècle cette grâce, distinction et mission. Plus récemment, au XXIe siècle, la collégiale Saint-Pierre d’Avignon reçut aussi ce titre. Cette église d’Avignon a toujours eu, tout au long de l’histoire, après le séjour des papes, des grâces et privilèges particuliers, qui faisaient de cette église comme une autre église Saint-Pierre de Rome… à Avignon. Aussi, ceux qui ne pouvaient faire le pèlerinage à Rome, pouvaient se rendre à Saint-Pierre d’Avignon. C’est ce fait qui fut consacré par la concession du titre de basilique.
Les lieux jubilaires dans le monde entier pour ce Jubilé de l’Espérance
Lorsque le pape François a annoncé le Jubilé de l’Espérance de 2025, par la bulle Spes non confundit, complétée par la note de la Pénitencerie Apostolique, un aspect transparait nettement. Le pape a souhaité ouvrir très largement la possibilité de vivre et de bénéficier la grâce du jubilé. C’est ainsi que le pape, comme pasteur propre de l’Église universelle, a décrété que seraient lieux jubilaires (où la grâce du jubilé pourra être vécue et reçue) : « toute basilique mineure, église cathédrale ou co-cathédrale, sanctuaire marial », ouvrant bien sûr la possibilité à chaque évêque d’en désigner d’autres. A ces lieux que sont Notre-Dame des Doms à Avignon, Saint Pierre à Avignon et Sainte Anne à Apt, voulus par le pape, notre archevêque, confirmant l’un de ces lieux, a voulu aussi contribuer à ouvrir largement la grâce du Jubilé en désignant la cathédrale d’Orange, et les chapelles de Notre-Dame-de-Vie, à Venasque, et de Notre-Dame-de-Lumière à Goult, comme lieux jubilaires également.
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste et chancelier