Né dans une famille catholique, j’ai compris très jeune que monsieur le curé était un homme parfait, car chaque dimanche il nous disait ce qu’il fallait faire – comment aurait-il pu en être autrement ? Puis, j’ai eu la chance de partir deux années en coopération en Afrique au service d’un diocèse et ainsi de passer de mission en mission, vivant avec des frères, des sœurs et des prêtres. Rapidement, cette intimité avec le clergé, les a fait tomber du piédestal sur lequel je les avais entreposés. Je réalisais avec effroi qu’ils étaient en proie aux mêmes péchés que moi, qu’ils combattaient – pas toujours avec succès – les mêmes faiblesses et que ça ne dépendait, ni de leur état de vie, ni de leur couleur de peau.
Ainsi, en deux ans, j’étais passé de « mes frères sont des anges », à « mes frères sont des démons » et finalement à « mes frères sont des frères », et j’ai alors commencé à aimer l’Eglise.
Pas l’apprécier parce qu’elle serait belle ou forte, mais la regarder avec miséricorde, elle qui est composée de pécheurs, ces pécheurs pour lesquels le Christ a donné sa vie. Et chacun a son rôle, chacun sa vocation, mais tous nous sommes appelés à être serviteurs. C’est ainsi que Jésus parle du bon berger, il n’appelle pas les fidèles à être des moutons, il appelle ses prêtres à donner leur vie, comme il appelle les époux à donner leur vie pour leur épouse, comme lui-même a aimé l’Eglise. Quelle folie que cette chasteté qui donne sans chercher à prendre !
La dernière lettre du pape nous interroge, il ne s’agit pas à nous laïcs de juger les évêques ou les prêtres, à chacun sa charge, mais de nous questionner sur notre relation avec eux. Ont-ils en face d’eux des fidèles qui se contentent de leur Bac moins 5 en spiritualité, qui ont sous-traité leur vocation à la sainteté ou qui ont oublié qu’ils étaient prêtres, prophètes et rois ?
Cette crise dans l’Eglise, n’est pas que la crise du clergé, elle touche tout le corps, elle nous bouscule ; avant d’expliquer à mon curé qu’il doit être un vrai serviteur, je dois me poser la question : le suis-je vraiment ? Au service de ma paroisse, de mon épouse, de mes enfants, de mes collègues, suis-je chaste dans mes relations ? Si ce n’est pas le cas, et pour sûr ce ne l’est pas, plongeons dans la miséricorde du Père et puisons la force de nous convertir, il est encore temps.
Olivier Lefrançois