Mgr Cattenoz à Rome

21 juin 2013

Le 19 juin 2013, à l’occasion du pèlerinage diocésain à Rome, Mgr Jean-Pierre Cattenoz participait à la célébration du matin avec le Pape François.


Sans la bonté, les préceptes moraux sont stériles
Homélie du Pape François, 19 juin 2013

Parmi les différentes sortes d’hypocrisie dans l’Eglise, le pape condamne l’éthique « sans bonté », qui à force de préceptes rend la Parole de Dieu « inféconde ».

C’est ce qu’il a déclaré lors de la messe qu’il a célébrée hier, mercredi 19 juin, en présence d’employés de la Congrégation pour les évêques et du Conseil pontifical pour la famille, à la Maison Sainte-Marthe.

L’intelligence de trouver Dieu

Le pape a centré son homélie sur l’hypocrisie dans l’Eglise, soulignant quatre épisodes évangéliques où « le Seigneur parle contre les hypocrites » : les deux premiers épisodes représentent les hypocrites qui utilisent « la casuistique » : il s’agit des pharisiens qui demandent au Christ s’il est permis de payer l’impôt à César (Mt 22, 15-22) et des saducéens qui lui soumettent le cas de la femme sept fois veuve (Mt 22, 24-30).

Pour le pape, ces catégories d’hypocrites « utilisent la voie de la casuistique » pour « faire tomber Jésus dans un piège » : ce sont « les hypocrites de la casuistique, les intellectuels de la casuistique », qui « n’ont pas l’intelligence de trouver, d’expliquer Dieu  » ; ils restent seulement dans la « casuistique : là on peut, là on ne peut pas ». Ce sont « des chrétiens intellectuels sans talents ».


L’éthique sans bonté

Le troisième épisode se situe au chapitre 23 de Matthieu, où le Christ se tourne vers les pharisiens : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le Royaume des cieux devant les hommes ; vous-mêmes n’y entrez pas, et ceux qui essayent d’y entrer, vous ne leur permettez pas d’entrer ! ».

Ceux-là utilisent la voie des préceptes, et à force de préceptes « la parole de Dieu ne semble pas féconde ». Ils « amènent le peuple de Dieu sur une voie sans issue. Ce sont des éthiciens sans bonté. Ils ne savent pas ce qu’est la bonté. Ce sont des éthiciens – il faut faire ceci, ceci, ceci – remplis de préceptes » mais « sans bonté ».

Ces mêmes hypocrites empruntent également « la route de la vanité », « à tel point qu’ils finissent par se rendre ridicules »  : ils se « drapent pour faire semblant d’être majestueux, parfaits » mais ils n’ont « pas le sens de la beauté. Ils parviennent seulement à une beauté de musée ».

L’hypocrisie qui touche au sacré

Enfin, la quatrième sorte d’hypocrisie est illustrée en Mt 6, 1-6. 16-18 : « le Seigneur parle d’une autre classe d’hypocrites, ceux qui touchent au sacré… il parle du jeûne, de la prière et de l’aumône : les trois piliers de la piété chrétienne, de la conversion intérieure que l’Eglise propose dans le carême. Sur cette voie il y a des hypocrites, qui se pavanent en jeûnant, en rendant l’aumône, en priant ».

Cette hypocrisie est la forme la plus grave : « quand l’hypocrisie arrive à ce point, dans la relation avec Dieu [ces hypocrites] sont assez proches du péché contre l’Esprit-Saint. Ils ne connaissent rien à la beauté, à l’amour, à la vérité ; ils sont petits, vils ».

La route alternative

Le pape propose une « route alternative » dans la première lecture (2 Co 9, 6-11) où Paul « parle de largesse, de joie. Tous les chrétiens ont la tentation de l’hypocrisie. Tous. Mais [ils ont] aussi la grâce, la grâce qui vient de Jésus Christ, la grâce de la joie, la grâce de la magnanimité, de la largesse ».

« L’hypocrite ne connaît pas la joie, ne connaît pas la largesse, ne connaît pas la magnanimité ». Ils fait « du mal à tous » dans l’Eglise et il a une attitude suffisante : « Seigneur, je fais tout cela… je fais partie d’une association... ». Il est le contraire de l’« icône si belle du publicain qui prie ainsi : ‘aie pitié de moi Seigneur, je suis un pécheur’ ». (Lc 18, 9-14).

Cette humble prière, « c’est la prière que [le croyant] doit faire tous les jours, dans la conscience qu’il est pécheur, mais avec des péchés concrets, non pas théoriques », a conclu le pape en invitant le chrétien à demander au Seigneur « qu’il le sauve de toute hypocrisie et lui donne la grâce de l’amour, de la largesse, de la magnanimité et de la joie ».