Lors de ce Concile et des Conciles œcuméniques suivants dont l’un s’est réuni à Chalcédoine – aujourd’hui Kadıköy, un quartier d’Istanbul sur la rive asiatique du Bosphore – a été mis par écrit le symbole de la foi appelé « Credo de Nicée – Constantinople ».
La question « pour vous, qui suis-je ? » est posée à chaque génération de disciples. Sur l’initiative du Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque métropolitain de Marseille, 7 évêques et une centaine de prêtres de la province de Marseille (nous étions 9 du diocèse d’Avignon) se sont rendus en pèlerinage à Nicée afin de méditer cette question « qui est Jésus le Christ ? » lui qui nous a appelés à être ses ministres dans les Églises diocésaines pour la gloire du Père et l’annonce de la Bonne Nouvelle au monde. Car si la question a amené les évêques à écrire une définition doctrinale proclamant Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, de la même substance que le Père, envoyé dans le monde pour le sauver, et que sa volonté humaine participe pleinement à la volonté divine pour offrir ce salut, encore faut-il que chaque disciple – en premier lieu les évêques et les prêtres – entre dans cette proclamation de foi non seulement en adhérant à la définition doctrinale mais aussi en donnant une réponse personnelle par toute sa vie.
Un pèlerinage, avec des temps d’enseignements donnés par le Cardinal Aveline et Mgr Christian Delarbre, archevêque d’Aix en Provence, la célébration quotidienne de la Messe et les homélies prononcées par les différents évêques présents, dont notre archevêque, Mgr Fonlupt, ainsi que de vrais moments de vie fraternelle, étaient le meilleur moyen pour que chacun puisse avancer un peu plus sur le chemin d’une réponse personnelle existentielle en étant habité par un désir de cohérence de vie et de recherche de la sainteté. Bien sûr, nous nous sommes rendus à Nicée. Et même si le lieu précis où les évêques se sont rassemblés en 325 n’est pas connu dans l’actuelle petite ville d’Iznik, sur les rives du lac éponyme, nous avons professé à haute voix le credo de Nicée-Constantinople. Quelle émotion ! L’évènement a d’ailleurs été relaté dans un journal télévisé le soir même ! Cette proclamation de la foi d’une seule voix a été, pour nous tous, l’occasion d’être renouvelés dans notre dignité filiale par la fraternité ainsi manifestée et d’être revigorés dans notre ministère ordonné d’évêques et de prêtres de l’unique Prêtre Jésus-Christ, consacrés par le même Esprit, appelé Saint, Seigneur et qui donne la vie (cf. credo Nicée – Constantinople).
…et des cadeaux
Le premier cadeau, la première grâce est finalement déjà décrite dans les lignes précédentes. Un autre cadeau fut vécu avec sa Toute Sainteté Bartholomée 1er, patriarche œcuménique de Constantinople qui nous a invités à prier avec lui et nous a adressés ses vœux dans le contexte géopolitique et religieux de notre temps. Un autre présent fut de nous rendre à la basilique Ste Euphémie à Kadıköy où s’est réuni le 4e concile œcuménique en 451 pour proclamer un seul et même Jésus-Christ, Fils, Seigneur, sans division, sans séparation. La différence entre ses deux natures n’est pas abolie par leur union : en sa personne unique sont bien préservées sa divinité et son humanité. Ce concile promulgue la formule « Christ est une personne en deux natures », après que le 3e concile œcuménique, réuni à Ephèse en 431, ait proclamé Marie comme Mère de Dieu. Toutes ces définitions dogmatiques disent combien Jésus le Christ, dans la puissance de l’Esprit-Saint, nous sauve non pas malgré notre humanité mais dans notre humanité : rechercher la sainteté dans le quotidien de notre humanité, dans tout ce qui fait notre vie, selon nos états de vie, manifeste bien notre adhésion – pour ne pas dire notre incorporation – au Salut, à la plénitude de la vie que Jésus nous offre en abondance et qui se déploiera dans la résurrection des corps.
La rencontre avec Mgr Massimiliano Palinuro, évêque catholique latin d’Istanbul et la célébration de l’Eucharistie dans sa cathédrale nous ont fait approcher cette communauté chrétienne : l’exercice de la charité est la colonne vertébrale du témoignage évangélique que donne cette Eglise minoritaire.
La visite de la mosquée Ste Sophie et de la Mosquée Bleue, ou encore de la mosquée Ste Sophie à Iznik (Nicée) nous ont permis de découvrir le patrimoine religieux de la Turquie et d’approcher des croyants en prière selon leur propre tradition religieuse. Nos guides nous ont fait découvrir avec passion et intérêt Istanbul et ses rives européenne et asiatique, le détroit du Bosphore, le palais de Topkapi et bien d’autres merveilles.
Les conditions matérielles n’étaient pas celles d’un pèlerinage où l’ascèse pourrait sembler indispensable, quoique plusieurs petits-déjeuners à 5h00, heure locale – ce qui fait 3h00 chez nous – nous ont quelque peu été exigeants. Nous avons vécu le cadeau d’une organisation parfaite avec le concours du service diocésain des pèlerinages de Marseille et l’agence Chemins & Rencontres, de belles liturgies grâce à l’accueil chaleureux des communautés catholiques locales, au cérémoniaire et à l’organiste, prêtres du diocèse de Marseille, et l’investissement de nombreux prêtres.
La réception par Madame Nadia Fanton, consule générale de France à Istanbul, nous a permis d’appréhender les tissages qui se réalisent toute au long de l’histoire entre l’Eglise et l’Etat, jusqu’à aujourd’hui dans la laïcité qui donne à toute confession religieuse la liberté de culte. Madame la Consule est dans l’attente du choix de la date de la visite du Pape François annoncée pour le printemps.
Enfin, la profonde et vraie fraternité vécue entre nous tous – prêtres et évêques – a illuminé nos visages et embrasé nos cœurs tout au long du pèlerinage, creusant le désir d’un nouvel évènement provincial dans les années à venir.
Et comme dernier cadeau, comment ne pas remercier les prêtres, les diacres et les fidèles qui nous ont permis de partir en faisant en sorte que s’exercent dans les paroisses les misions habituelles ?
Pour savourer un peu plus ce que nous essayons de vous partager, nous vous invitons à regarder le reportage Concile de Nicée : la province de Marseille en pèlerinage, diffusée ce jeudi 23 janvier à 21H30 sur KTO TV, disponible aussi en replay et rediffusée.
En point d’orgue de ses enseignements, le Cardinal Aveline nous a conduits sur les rives d’un autre lac, celui de Tibériade, avec la question que Jésus a posé par 3 fois au premier des Apôtres : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (cf. Jean21,15.16.17). Les réflexions théologiques développées par la question « pour vous, qui suis-je ? » nous amènent finalement au cœur de notre vie de prêtres : l’amitié avec le Christ. Notre mission pastorale découle de cette amitié : l’amitié qui vient Christ, l’amitié qui vient de nous, avec nos fragilités, nos reniements et notre désir de tout donner. « M’aimes-tu ? » : notre cœur est parfois brûlant, notre cœur est parfois desséché. Mais notre mission est là : que le peuple de Dieu qui nous est confié puisse faire lui aussi l’expérience de l’amitié avec le Christ.
père Frédéric Beau