"Frères et Sœurs, mes Amis,
Avec les porteurs de la bannière, du Saint et du Christ, nous sommes revenus à la maison de famille qu’est l’église paroissiale de Monteux. Bien sûr, à l’époque de Saint Gens (il y a plus de 900 ans) elle n’était pas encore bâtie. Mais à cette époque il existait des lieux consacrés à Dieu, lieux de prière et de rassemblement des chrétiens. Ils étaient déjà la maison de la communauté. Ainsi, revenir à la maison c’est aussi un chemin pour retrouver notre famille chrétienne.
« Restez à la Maison », cette parole écrite par un autre montilien célèbre du 17° siècle, le père Nicolas Saboly, se trouve dans le Noël – le cantique – qui se nomme « bergers des Montagnes ». C’est une invitation à rester à la maison pour faire son travail quotidien.
Vous avez retrouvé pour quelques heures une autre maison : l’ermitage de la Val Sainte, sanctuaire de Saint Gens. Mais cette chapelle n’est pas notre maison de tous les jours, elle est plutôt notre oasis de paix où nous nous ressourçons seul ou ensemble près de son tombeau. Nous venons le rencontrer un moment puis nous retournons retrouver nos études, notre travail, nos relations.
Voilà ce qu’est vraiment un pèlerinage : un temps de grâce pour nous fortifier à la suite de Saint Gens en lui donnant nos intentions de prière : pour les malades, les défunts, pour notre pays, pour que nous puissions faire vivre dignement nos familles, pour notre avenir ou celui des gens que nous présentons, pour les enfants ou les anciens. Puis, prière faite, nous revenons à notre vie de chaque jour.
Ainsi donc, si nous visitons régulièrement Saint Gens, dans son ermitage ou dans sa chapelle de l’église de Monteux (qui a besoin d’une petite rénovation) ou devant un oratoire (existant ou à venir) ou encore devant une statue ou un tableau, suivons son exemple : habitons la maison de Dieu là où nous vivons.
Si nous n’avons jamais vu l’intérieur de l’église communale de notre cité, si nous ne connaissons pas le prêtre ou les paroissiens d’où nous sommes, si ne savons pas comment prier, si nous ne connaissons pas tellement notre foi chrétienne, si nous n’essayons pas de vivre chrétiennement avec les autres, si nous ne nous rappelons pas de quand date notre dernière confession. Si nous n’avons jamais essayé de témoigner de Jésus-Christ. Il faut nous bouger, car nous portons le nom de chrétien et malheureusement, il n’y a pas grand-chose derrière.
Je comprends que tout cela nous semble impossible à vivre et que cela n’est pas pour nous. Voilà pourquoi Dieu nous donne une famille vivante : l’Église. Cette Église commence simplement quand nous demandons un peu d’aide et que nous essayons aussi d’en donner. Comme notre Saint Gens, commençons à faire un pas puis un autre et encore un autre. Pas plus et pas moins.
Dans deux ou trois minutes, après un cantique et la quête, nous allons vivre un moment très important : un temps de prière silencieuse devant le Saint Sacrement, devant Jésus lui-même présent dans l’hostie consacrée. Gens a fait pénitence et a prié pour le pardon et la conversion de ses frères montiliens. Pour nous obtenir ce don : dans les rochers de nos vies, il fait jaillir la belle source de la foi. Pensons qu’il est très content de nous voir réunis pour prier Dieu comme il l’a fait toute sa vie. Et même s’il y a, dans nos cœurs ou autour de nous, le loup effrayant de la violence et de l’égoïsme. Demandons qu’à sa prière, Dieu nous donne la force de le domestiquer et qu’ainsi le bœuf et le loup qui sont dans notre monde deviennent signe de Paix.
Vive Saint Gens pour la gloire de Dieu ! Amen !"
père Sébastien Montagard, membre de la confrérie de st Gens, curé du secteur de Bédoin