Êtes-vous tombée dans la marmite de la foi dès la naissance ?
Oui tout à fait ! Dans la famille, on a tous été baptisés, catéchisés, etc....
Mais vous avez été éprouvée à l’âge de 10 ans !
Oui, à 10 ans, ma grande cousine, qui avait 18 ans, a eu un cancer. Je me suis mise alors à prier, à prier de toutes mes forces pour sa guérison, et en fait, elle est décédée. Cela a eu pour effet une crise de foi dans mon cœur : je me disais que tout ce qu’on nous racontait était faux. Petit à petit cela s’est apaisé, mais je n’ai pas retrouvé cet élan de la foi avant de nombreuses années.
Vous en vouliez à Dieu ?
Pas tout à fait : je me disais juste que c’était faux. J’en suis venue finalement à être incroyante pratiquante… alors qu’on parle beaucoup des croyants non pratiquants. J’étais ce qu’on qualifie souvent, une catholique habituée : je continuais à aller à la messe, à servir le secours catholique, différentes associations, ma paroisse, mais je gardais un espèce de fond d’incroyance qui était triste. Mais j’ai voulu rester dans la fidélité. Je ne doutais pas de l’existence de Dieu et je disais : « Seigneur, je reste dans la fidélité ! »
Jusqu’au jour où….
A cette époque-là, j’étais mariée, mère de famille et nous habitions à Fontainebleau ; mon mari étant militaire, nous avons beaucoup bougé. Mais nous sommes restés seize années à Fontainebleau avant de prendre notre retraite et de revenir à Avignon dans la maison de famille.
Et que s’est-il passé à Fontainebleau ?
Je regardais avec mon mari un film sur Jean-Paul II. A la fin du film, on voit cet homme usé par la maladie et par l’âge, qui ne peut même plus parler et qui a voulu écrire sur une tablette : « Totus tuus », sa devise. « Tout à toi », il le disait à la Vierge Marie.
Curieusement le Seigneur s’est servi de ce gros plan de la devise sur la tablette, pour toucher mon cœur. J’ai senti vraiment la présence de Jésus auprès de moi et j’ai senti qu’il suffisait que j’ouvre ma bouche pour que je Lui dise : « Totus tuus, je suis tout à toi. »
Cette phrase, le Pape l’a envoyée au monde, vous n’êtes peut-être pas la seule !
Oui, sans doute. Ce serait amusant de retrouver d’autres convertis par cette phrase. Ce qui est aussi amusant, c’est que cela se soit passé par l’intermédiaire de ce Pape polonais et à ce moment-là, on était à trois jours de l’arrivée de prêtres polonais dans notre paroisse de Fontainebleau.
Vous avez eu une grande émotion devant ce Pape !
Oui, j’ai fondu en larmes, comme une inondation. Souvent quand on entend des récits de conversion, il y a ces larmes de joie, comme l’inondation de la certitude d’être aimé, d’être sauvé du péché. C’est ainsi que cela m’a parlé à ce moment-là. Et ça a tout changé dans ma vie : il y a un avant et un après !
Après ?
Après, je me suis mise vraiment à aimer l’Église . C’est pour cela que j’ai voulu la servir comme Jean-Paul II, comme tant d’autres. Je me suis mise au service de l’Église à Fontainebleau et au bout de quelques années, j’ai même été embauchée pour travailler à plein temps. Et cela me réjouissait beaucoup.
J’avais envie de suivre Jésus, de Lui donner toute ma vie, tout mon temps. Il m’a appris l’amour de son Église mais aussi le goût pour la Parole : je suis en train de lire la Bible entière pour la quatrième fois et c’est plein de trésors. Chaque fois qu’on la lit, on est touché par des choses différentes.
Avec cette transformation, j’ai eu une envie profonde de partager ce trésor. J’ai réalisé vraiment que la foi est un trésor ; et je n’ai eu alors de cesse d’aller chercher des gens qui sont loin de l’Église pour les ramener vers le Christ. J’ai fait notamment beaucoup de porte à porte.
Et aujourd’hui ?
Quinze années après, j’ai toujours comme une certitude dans mon cœur : je suis sûre de l’amour du Seigneur. Il est là au quotidien avec moi. Cela m’a donné aussi le goût des personnes ; j’aime bien les personnes et c’est pour cela que j’ai fait beaucoup de porte à porte, avec l’envie d’aller chercher les brebis égarées, de les ramener vers le Seigneur.
Vous voulez leur apporter la Bonne Nouvelle ?
Oui, c’est vraiment un trésor à découvrir chaque jour, notamment dans la Parole ! Tout à l’heure je lisais un petit texte de Saint Paul qui disait tout l’amour de Dieu pour nous, et c’est beau !
Et depuis que vous êtes revenue à Avignon, vous continuez ?
Oui, j’ai rejoint la paroisse Saint Ruf et de très belles choses se passent notamment à travers le parcours Alpha. Je fais tout ce qu’on me demande, multitâche au service du Seigneur !
Le sacrement du pardon vous intéresse ?
Oui c’est vraiment quelque chose que j’ai redécouvert. Avant ce temps de conversion que j’ai vécu, j’étais capable d’accompagner un groupe d’enfants du catéchisme, en leur martelant : « Il faut se confesser » sans y aller moi-même. Maintenant, j’ai découvert la joie de l’amour du Seigneur dans le sacrement du pardon. Cela ne veut pas dire que c’est hyper facile de se décider à y aller, mais c’est vraiment une joie, une rencontre d’amour avec le Seigneur.
Autre chose que le Seigneur m’a fait découvrir : l’abandon, ne pas faire les choses à la force du poignet ; je ne suis pas seule : c’est le Seigneur qui mène la barque de ma vie, qui mène l’Église. Et quand il y a des soucis dans ma vie, dans l’Église, c’est le Seigneur qui mène la barque et je reste dans l’abandon, dans la confiance : Il est là, présent et aimant. Il y a une phrase de Saint Paul que j’aime bien : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit »
Ce n’est pas évident de s’abandonner !
Oui, c’est à refaire tous les jours. Beaucoup de saints ont parlé d’abandon d’une manière ou d’une autre et j’aime particulièrement la prière de Charles de Foucauld- j’ai d’ailleurs un fils qui s’appelle Foucauld.
Votre émission s’appelle « Pourquoi le taire » et je me suis dit : « c’est vrai, il faut le dire ; c’est mon histoire, c’est un tout petit grain de sable dans l’histoire du Peuple de Dieu, mais ça s’inscrit dans l’histoire du Peuple de Dieu et c’est une belle histoire ».
Il ne faut pas oublier de le dire parce que sinon les gens ne savent pas que Dieu peut parler peut se rapprocher de nous !
Pour conclure, j’aimerais dire que Dieu donne sens à ma vie et qu’Il peut donner sens à la vie de chacun. Il nous aime tous et sa Parole est pour chacun de nous !