« Les reliques ont toujours fait l’objet dans l’Eglise d’une particulière vénération et attention, parce que le corps des Bienheureux et des Saints, destiné à la résurrection, a été sur la terre le temple vivant de l’Esprit Saint et l’instrument de leur sainteté, qui a été reconnue par le Siège Apostolique à travers la béatification et la canonisation » rappelait une instruction de la Congrégation pour la Cause des Saints, en 2017, reprenant l’enseignement du II Concile du Vatican : « Selon la tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images » : (Sacrosanctum Concilium, 4 décembre 1963, n. 111)
Ce qui est au cœur de la vénération des reliques, c’est la vénération des saints. Si Dieu seul est saint, le seul dont on puisse dire en toute vérité qu’il est saint ; le seul à qui ce qualificatif convienne en propre, nous croyons aussi qu’Il peut donner cette sainteté à ceux qui s’approchent de lui, par vertu ou miséricorde, et en tous les cas par grâce. C’est ainsi affirmer que la vénération des saints est d’abord tournée vers Dieu, dont la sainteté se manifeste et resplendit dans la vie et les œuvres des hommes et des femmes qui ont mis en Lui leur foi. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » affirmait saint Irénée. Et encore, « j’ai vu Dieu en un homme », témoignait une personne ayant rencontré le saint curé d’Ars.
La sépulture des saints – mais aussi les lieux de leur vie et de leurs martyres – ont étés très tôt l’objet de pèlerinages et de manifestations de dévotion et de piété, et ce d’autant plus lorsqu’ils devenaient des lieux manifestes de grâces et miracles aussi bien physiques que spirituels.
En outre, l’Eglise conserve « l’usage de déposer sous l’autel à consacrer des reliques de saints, même non martyrs » (cf. Missel Romain). « Cette place des reliques, par rapport à l’autel, indique donc que le sacrifice des membres de l’Église a pour origine et prend tout son sens, à partir de l’unique sacrifice de la Tête de cette même Église ; de plus, les reliques expriment symboliquement la communion de toute l’Église à l’unique sacrifice du Christ, et donc la mission qui est confiée à cette Église de témoigner, même au prix du sang, de sa fidélité à son Époux et Seigneur. » (Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n° 237, 2017). En effet, dès les premiers temps de l’Eglise, c’est sur le tombeau des martyrs que le sacrifice était célébré, ceux-ci ayant montré dans leur propre vie, à la suite du premier martyr saint Etienne, leur union à Dieu jusqu’au don de leur vie.
Les reliques sont les restes des corps des saints, c’est-à-dire « de tous ceux qui, par la sainteté héroïque de leur vie, se révélèrent sur cette terre des membres éminents du Corps mystique du Christ et des temples vivants de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19 ; 2 Co 6, 16) » (Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n° 236, 2017). La vénération des reliques nous conduit en premier lieu à prendre conscience de la réalité de la vie de ces saints parmi nous. Ils ont été des hommes et des femmes, comme chacun de nous, baptisés, croyants, hommes et femmes de foi, ayant vécu leur vie parmi nous, parfois dans des conditions ou circonstances identiques aux nôtres, ayant foulé les mêmes chemins, faisant partie de nos villes et villages, de nos familles, humaines ou spirituelles.
Par la vénération de leurs corps, nous reconnaissons aussi que la grâce de Dieu se met à notre portée, se donne à notre mesure, et s’ils sont comme nous dans leur chair, nous pouvons, comme eux, accueillir la grâce de Dieu et aspirer légitimement à la sainteté.
Enfin, rien de morbide dans la vénération de ces reliques, qui ne fixent pas notre attention sur la mort, mais nous enracinent dans l’espérance de la Résurrection.
Le Directoire cité, au numéro 237, insiste « les différents actes de la dévotion populaire envers les reliques des Saints doivent être accomplis avec une grande dignité, et dans un climat de foi authentique. Parmi les principales expressions de la piété populaire, on peut citer le fait d’embrasser les reliques, de les illuminer et de les orner de fleurs, de les employer pour bénir ou de les porter en procession, et aussi de les apporter aux malades pour les réconforter et mettre ainsi en valeur leur demande de guérison. ».
Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste et chancelier