Rappel des faits
En décembre 2018, le collectif Rosmerta est rentré par effraction dans un bâtiment, propriété d’une paroisse d’Avignon, effraction qu’ils ont appelée « perquisition citoyenne » pour y loger plusieurs dizaines de migrants. En octobre 2019, le tribunal d’instance a accordé trois ans à Rosmerta pour quitter les lieux, suite à la plainte du diocèse. Le diocèse vient de faire appel.
Qu’est-ce qu’un diocèse ?
Un diocèse est une portion du peuple catholique confiée à un évêque. Le diocèse d’Avignon est le peuple catholique qui réside dans le département du Vaucluse. Il est placé sous la responsabilité pastorale de l’archevêque d’Avignon, Mgr Cattenoz, nommé par le Pape. Le fonctionnement des diocèses est soumis à un droit particulier, celui de l’Église, appelé le droit canon, ainsi qu’au droit civil français.
Quel est ce bâtiment ?
Après avoir été une école paroissiale, le bâtiment a été loué à l’UDAF comme bureaux. Il a été rendu à la paroisse en septembre 2017 et une des cours était encore louée à une compagnie théâtrale jusqu’en 2021. Destiné à une utilisation administrative, il n’était pas aux normes pour accueillir et loger du public et spécialement des enfants.
Le diocèse est-il contre les pauvres ?
L’histoire de l’Église catholique est étroitement liée aux pauvres : création d’hôtels-Dieu, de dispensaires, d’ordres religieux engagés auprès des plus pauvres, etc... Aujourd’hui le diocèse d’Avignon, comme les autres diocèses de France, œuvre auprès des plus pauvres, à travers de nombreuses associations catholiques comme le Secours Catholique, l’AED, les Équipes Saint Vincent, et d’autres associations moins connues. Nombreux aussi sont les chrétiens investis discrètement dans les associations caritatives laïques comme les Restos du Cœur ou le Secours Populaire, ou qui donnent généreusement.
Le diocèse est-il contre les migrants ?
En septembre 2015, Mgr Cattenoz relayait l’appel du Pape François sur les migrants. Après plusieurs réunions avec les autorités civiles, le diocèse a communiqué à ses fidèles un petit guide les exhortant à rejoindre les associations expérimentées dans le domaine. Encouragées par l’évêque, les associations Habitat et Humanisme, ainsi que JRS (Service Jésuite des Réfugiés) ont ouvert et développé leurs antennes sur Avignon. Plusieurs paroisses, ainsi que la maison diocésaine, ont parallèlement accueilli des migrants et ne cessent avec leurs moyens, de les aider à s’intégrer.
L’association diocésaine ne fait-elle rien pour les pauvres, ni les migrants ?
Depuis la séparation de l’Église et de l’État, le diocèse d’Avignon n’est plus civilement une seule entité. L’État l’a obligé à séparer ses activités en diverses associations :
- une association pour gérer les écoles catholiques,
- de multiples associations pour les œuvres caritatives,
- et une association spécifique pour s’occuper du culte : l’association diocésaine.
L’association diocésaine est généralement propriétaire des presbytères, salles paroissiales, des églises et chapelles construites après 1905. Elle prend en charge les salaires des prêtres, la formation des séminaristes et l’ensemble des frais de fonctionnement de l’église. Par son statut, elle a interdiction de financer des œuvres caritatives ou scolaires - c’est la loi française.
Pourquoi l’association diocésaine fait-elle alors appel de la décision de justice ?
La fin justifie les moyens, c’est ainsi que Rosmerta motive son opération. L’Église enseigne depuis toujours le contraire. Pour l’Église, comme pour les philosophes antiques, nos actions orientent notre existence et lorsque nous utilisons de mauvais moyens, nous participons au mal contre lequel nous pensons lutter. Ainsi le mensonge, le vol, et la spoliation sont des outils que l’Église ne peut accepter, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils sont utilisés.
Nous sommes dans un état de droit ; l’Église, à l’image de Jésus qui demandait de rendre à César ce qui était à César, œuvre conformément aux règles. Sans juger des intentions louables des membres qui participent au collectif, elle demande donc que les actes illégaux commis par Rosmerta soient condamnés et que le collectif répare les préjudices causés.
La paroisse St Symphorien a un besoin urgent de travaux de mise aux normes, elle ne peut les réaliser en raison de l’impossibilité de vendre le bâtiment occupé, de plus elle continue d’assumer des charges liées au bâtiment, sans contrepartie de la part de Rosmerta. Le diocèse demande donc que le bâtiment soit rendu rapidement d’autant plus que, lors d’une réunion avec Rosmerta en janvier dernier, M. le Préfet et les services de l’État avaient confirmé qu’ils étaient en mesure de prendre en charge les migrants hébergés.
Notre appel vise à ce que justice soit rendue. L’Église continuera à œuvrer au service des plus pauvres, comme elle l’a toujours fait.