« DISCERNER »

21 octobre 2022

A des moments importants de notre vie, mais aussi chaque jour, nous nous trouvons à la croisée des chemins. Il nous faut discerner quelle route prendre avant de la choisir et de s’y engager sous le regard de Dieu. En effet, notre projet de vie est appelé à se déployer comme le fruit de notre relation avec Dieu : alliance et communion.

 

Pour être plénier, le discernement a besoin :

- de connaissance (par notre intelligence qui saisit la situation et les différentes possibilités et leurs conséquences),

- d’expérience (par la confrontation au réel et par notre mémoire pleine de souvenirs de situations semblables)

- d’affection (notre capacité à percevoir les mouvements de notre cœur et faire la différence entre joie et tristesse)

- et de notre volonté qui met en œuvre notre capacité d’agir.

De cette manière, la volonté de Dieu et la nôtre se rencontrent

Alors que le Seigneur indique la mission et la direction générale, l’homme, pour sa part, est appelé, à chaque pas, à discerner quelle décision prendre. Dieu respecte la liberté qu’Il nous a donnée. Il sait pouvoir compter sur nous !

 

 

Le pape François développe plusieurs points :

- la nécessité du temps pour observer à quel point d’arrivée nos pensées nous conduisent : la joie ou la tristesse. Des choses séduisantes à première vue nous laissent déçus quand d’autres, moins brillantes, nous conduisent à la paix.

- être prêts à accueillir les choses imprévues comme des situations où Dieu nous parle

- la nécessité de la prière qui s’adresse à Dieu avec simplicité et familiarité pour que se dissipent les doutes et les craintes, la tristesse et la peur. Nous avons tous – et parfois bien longtemps ! – la fausse image d’un Dieu qui ne voudrait pas notre bonheur… C’est dans la prière qu’Il nous dit : « ne crains pas, je suis avec toi ! »

- la nécessité de se connaître soi-même : les points forts et les points faibles de notre mémoire, de notre intellect, de notre volonté, de notre affectivité. N’ayons pas peur de laisser la grâce de Dieu dialoguer avec l’épaisseur de notre nature humaine ! Ne nous cachons pas derrière un masque, non seulement devant les autres mais aussi face à nous. Pour nous situer en vérité, sachons repérer les mots et les sujets qui donnent de l’élan au meilleur de nous-mêmes et nous entraînent au bien : ce sont parfois les mêmes que ceux qui touchent notre amour propre ou notre point d’honneur… et pour lesquels nous sommes sur la défensive !

relire chaque jour, dans notre prière du soir, quels ont été les mouvements de notre âme et de notre cœur. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui m’a rassasié et rendu heureux ? Qu’est-ce qui a été creux et vide ?

 

Le pape François souligne aussi la nécessité de nourrir le désir de Dieu et du bonheur. Dans la tradition des maîtres spirituels, le pape décrit ainsi le désir : la nostalgie d’une plénitude qui ne trouve jamais son plein accomplissement… mais cette nostalgie est le signe de la présence de Dieu en nous.

« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et mon cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi. » (St Augustin)

Nourrir le désir de Dieu peut alors nous aider à dépasser les blocages que nous subissons ou que nous entretenons avec la petite musique : « j’voudrais bien, mais j’peux point… » Il faut donc bien faire la différence entre désir profond et envie passagère. L’époque que nous vivons semble favoriser la plus grande liberté de choix, mais en même temps, elle atrophie le désir, le plus souvent réduit à l’envie du moment. Comment engager sa vie et s’engager pour toute une vie s’il n’y a pas un désir fort, mûri, approfondi ?

Le pape évoque la nécessité de bien se connaître – et de savoir dire ou se redire – le livre de sa propre vie.

Les fiancés, lorsqu’ils deviennent sérieux dans leur projet d’union, prennent le temps de se racontent leur vie.

Ils fortifient ainsi leur désir de se lier dans le mariage. Enfin, il est nécessaire de cultiver une vie intérieure afin d’y repérer, à travers les consolations et les désolations, les mouvements de la grâce de Dieu.

P. Michel BERGER