L’Evangile de ce dimanche nous ramène au Dimanche de la Résurrection. Deux hommes, originaires d’Emmaüs, viennent de quitter le groupe des disciples. Ils regagnent leur village et leurs familles. La belle aventure qu’ils ont vécue pendant trois ans avec Jésus de Nazareth, leur semble terminée. Leur espoir a été brisé. L’avant-veille, ce Jésus qui a manifesté en leur présence sa puissance divine en guérissant des malades et en ressuscitant des morts, avait été mis à mort de la plus horrible des manières. Et là, alors qu’ils étaient tout tristes sur le chemin du retour, Jésus lui-même les rejoint ; il chemine avec eux et leur explique dans les Écritures tout ce qui le concernait. Finalement ils le reconnaissent à la fraction du pain.

Apprendre que Jésus est ressuscité est une chose, le voir en réalité en est une autre ! Et les Apôtres en font l’expérience. Personne n’avait encore vu un ressuscité. Naturellement les Apôtres pensent voir un esprit... Pas de quoi être vraiment rassuré ! Ils avaient des doutes dans leur cœur, en même temps qu’ils ressentaient une joie inexprimable.

En lisant l’Evangile, nous pouvons dire, nous chrétiens, que nous avons de la chance. C’est une chance pour nous que les apôtres et les disciples de Jésus aient douté. Il est vrai que Jésus avait reproché à Thomas son incrédulité et ses doutes à propos de sa résurrection. Mais quelque part, Thomas a bien raison de ne croire pas aussi facilement ; de même, il est normal que les Apôtres aient de la difficulté à croire. En effet, grâce à eux, nous les chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes convaincus qu’ils n’ont pas été trompés ni flattés par le grand amour qu’ils avaient pour Jésus. Si Jésus a tenu à se montrer à eux après sa résurrection, c’est pour qu’ils soient, plus tard, les témoins de sa résurrection. Ayant fait l’expérience de la présence du Seigneur Ressuscité au milieu d’eux, leur foi sera désormais fondée sur cette expérience indiscutable. Elle va radicalement changer leur vie.

Jésus lui-même va les envoyer annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection dont ils sont les témoins privilégiés. Tout leur courage, toute leur détermination et toute leur audace viendront de l’expérience faite du Ressuscité.
Alors, comme l’Apôtre Pierre, dans la première lecture, tous les Apôtres vont proclamer avec vigueur et sans aucune crainte, la vérité et la véracité de la Résurrection : « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos Pères a glorifié son Serviteur Jésus, lui le Saint et le Juste, lui le chef des vivants, vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier, et vous avez tué le prince de la vie. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et nous en sommes les témoins » (Ac 2, 22-32)

Le tombeau vide était sans doute une preuve puissante de la Résurrection de Jésus, mais elle n’était peut-être pas suffisante. D’ailleurs les Juifs avaient fait répandre la rumeur que le corps de Jésus avait été volé. Les Apôtres eux-mêmes avaient du mal à croire en la Résurrection de Jésus. Il fallait donc que Jésus lui-même leur apparût pour leur donner une preuve encore plus convaincante, et surtout pour qu’ils soient les témoins de ce mystère qui est le fondement de notre foi.

Ainsi, Pâques, ce n’est pas seulement la célébration joyeuse du Christ Ressuscité. Cette célébration doit avoir des conséquences pratiques dans notre vie. Célébrer la Pâque, c’est accepter la victoire du Christ sur le mal et surtout sur le péché. Le péché existe, et il existe comme une réalité anti-pascale. Mais Jésus ressuscité en est le vainqueur, il est notre Avocat et notre Défenseur contre le péché.

L’Apôtre Saint Jean nous le dit : « Mes petits-enfants, si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste » (1Jn 2,1) Bien plus, Jésus Christ a payé de sa vie pour nous libérer du péché.

C’est dans l’Eucharistie que nous expérimentations mieux la présence vivante du Ressuscité. Il est là au milieu de notre assemblée dominicale, et à chaque fois que nous nous réunissons pour célébrer l’Eucharistie. Il nous montre ses mains et ses pieds, il nous parle et ouvre notre intelligence aux mystères de Dieu. Et surtout il nous nourrit de son Corps et de son Sang afin que nous ayons la force pour aller partout témoigner de sa Résurrection. On ne peut pas communier et ne pas être témoins de Jésus ressuscité.

Père Grégoire VU, vicaire