Homélie de Noël

26 décembre 2022

Donnée en l’église Saint-Symphorien-Les-Carmes à Avignon, le 25 décembre 2022.

Nous sommes à l’époque où le peuple est en exil, ce temps où il marche dans les ténèbres. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui. Depuis, bien des ténèbres demeurent : faut-il détailler ? Guerre en Ukraine, crise humanitaire, énergétique, alimentaire, inflation, dérèglement climatique….

Et puis, plus près de nous, grande pauvreté éprouvée par beaucoup. Dans nos familles, soucis de santé, de relations, fragilité, distance, solitude, confrontations... Les ténèbres ne semblent pas s’être dissipées.

Voilà que la Parole de ce jour nous fait une annonce étonnante. Celle d’une grande lumière sur le pays de l’ombre. Annonce d’une Bonne Nouvelle, d’une grande joie. 
Et c’est une annonce pour aujourd’hui.

Au cœur de notre humanité, survient un événement qui vient comme en renverser la perspective : un enfant est né, un fils nous est donné. Il est le signe de l’amour gracieux de notre Dieu. Amour qui se manifeste pour le salut de tous les hommes.

Amour qui nous rejoint. Il s’est donné pour nous pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Voilà la nouvelle de cette fête. Voilà la Parole que nous aimons à réentendre chaque année. Non pas pour en être bercé quelques heures, mais pour en recevoir l’actualité. Voilà ce qu’aujourd’hui accomplit l’amour de notre dieu.

Mais à quoi cela nous appelle-t-il ?

  • D’abord à Oser le croire
    Oser avoir ce regard, cette lucidité, ce discernement pour percevoir plus loin que la surface des choses, des évènements, des situations. Il nous faut le croire pour le voir.
    Voir cette promesse accueillie par Marie, cette confiance de Joseph, cette vie naissante accueillie et accompagnée au cœur de la nuit de Bethléem. Voir tous ceux et celles que cela met en route des bergers aux mages, en passant par nous. Voir encore ces lieux de présence, d’attention, d’amour, d’engagement, de service.
    Nous risquer à la confiance en cet amour proche sans condition qui est toujours appelé, qui nous est toujours offert. Au milieu de la violence de notre temps, au cœur des ténèbres il y a tant à percevoir de la beauté de la vie, de ce qui est donné, partagé, accueilli par beaucoup.
     
  • Oser en percevoir l’actualité
    Cela n’est pas une histoire du passé. Il nous appartient de la rechercher, de la percevoir dans l’actualité de nos vies et de la vie du monde ! Il nous faut la repérer, la recueillir, la conserver ? Il nous faut nous souvenir du bien. Ne pas occulter ce qui est précieux, ce qui compte le plus. C’est cela qui nous fait vivre, nous fait tenir, avancer chaque jour.
     
  • Consentir à en vivre
    Nous engager à tout ce qui peut contribuer à la paix entre les hommes. Cette paix attendue et souhaitée ; cette paix fragile et jamais acquise, cette paix offerte, elle est aussi à recueillir à conserver, à déployer et à servir. Il nous faut nous y engager. Il y a trop de lieux où la vie est écrasée, les personnes sont rejetées, les situations bloquées. Cette paix est une responsabilité, elle est appel à demeurer vigilant contre toutes les formes du mal, contre tout ce qui peut détruire et étouffer la vie, les personnes.

Oui, en cette nuit nous accueillons un don inestimable. La vie d’un enfant qui nous révèle l’amour fou de notre Dieu. Cet amour est là, disponible, gratuit, sans condition. Il nous est toujours offert. C’est en le partageant que nous le découvrirons vraiment.

Aujourd’hui cet amour nous comble, désormais il nous oblige, il nous appelle, il fait de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

+ François Fonlupt