Homélie de l’Assomption

16 août 2022

Prononcée le 15 août 2022 en la cathédrale Notre-Dame-des-Doms à Avignon

Marie, Patronne de l’Archidiocèse d’Avignon, Titulaire de la Cathédrale Notre-Dame-des-Doms

(Photo : Statue de la Vierge bleue, Métropole Notre-Dame-des-Doms)

Fête de l’Assomption, fête éblouissante au cœur de l’Eté. Nous la célébrons en cette cathédrale Notre-Dame-des-Doms, ce lieu qui rassemble notre Eglise dont Marie est la vigilante gardienne. 

Nous sommes en communion avec tous les lieux de notre diocèse où des communautés se rassemblent et particulièrement tous ces lieux où Marie est vénérée.
L’Assomption est une fête qui nous relie largement à nos frères et sœurs et à notre humanité, elle nous enracine aussi solidement dans la foi du peuple des croyants et sa confiance en Marie pour l’accompagner, le soutenir, le guider.
Pèlerins à Lourdes… lieux de l’Eglise universelle…. Marie ne cesse d’accompagner nos communautés, chacune et chacun d’entre nous. Son expérience de la foi est fondatrice de notre propre chemin de foi.

Vivons aussi cette célébration en relation avec notre pays et tous les hommes et les femmes qui l’habitent. Avec les membres de nos familles, avec celles et ceux qui souffrent des difficultés climatiques et des incendies importants de ces derniers jours. Pensons aussi aux lieux de violence, aux lieux où la guerre est présente et aux hommes et aux femmes qui la subissent. 

Nous ne sommes pas rassemblés pour nous ou entre nous… Portons dans nos pensées, notre prière la vie des hommes et des femmes de notre terre. C’est pour eux tous et avec tous que nous accueillons la lumière de cette fête.

En cette année 2022, nous marquons les 100 ans de la proclamation de Notre Dame comme patronne principale de la France.

En cette période, il y aura 80 ans le 23 août (c’était en 1942), le Cardinal Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse faisait retentir son appel à la conscience chrétienne et humaine contre les rafles des juifs décidées par le gouvernement de Vichy. Pour ne pas laisser disparaître de notre mémoire ces événements douloureux et ces faits qui continuent à exiger toute notre attention, nous entendrons au cours de cette célébration la lettre du Cardinal Saliège sur la personne humaine.

C’est avec Marie, et par son intercession que, aujourd’hui, nous nous tournons vers le Seigneur. Marie en son Assomption, entraînée par son fils en sa victoire sur toutes les puissances de mort, est accueillie pleinement dans la gloire de son Dieu.
L’Evangile nous donne de percevoir quelque peu l’étonnant chemin spirituel parcouru par elle depuis l’Annonciation, la visite de Dieu par la médiation de l’ange Gabriel intervenant avec profondeur et respect au cœur de son être… puis la Visitation, cet élan, ce mouvement dans lequel Marie est entraînée avec empressement pour aller rejoindre sa cousine Elisabeth et découvrir dans un grande réciprocité le don qui leur est fait.

La première lecture tirée du livre de l’Apocalypse, ce livre du dévoilement, de la révélation du mystère de l’amour de Dieu qui s’accomplit, l’Apocalypse nous la présente enveloppée dans le sanctuaire de Dieu, dans son mystère même. Une femme enceinte, dans les tourments de l’enfantement, donne naissance à celui qui devient le berger de toutes les nations. Dans l’accueil du mystère de la vie, dans l’accueil de ce don, était déjà en germe l’accomplissement du salut pour tous.

Aujourd’hui la liturgie nous donne d’entrevoir l’accomplissement de l’appel et du don que Marie a reçu pour servir son Dieu et prendre sa part au déploiement de son dessein d’amour pour l’humanité entraînée elle aussi par ce même mouvement d’accueil et de don.

Marie, la première, inaugure l’accomplissement de ce qui est en désir, en attente en chacun de nous. Elle soutient notre Espérance et nous invite à nous tourner vers ce que nous sommes profondément, ce à quoi nous sommes appelés. Elle ne nous est pas éloignée, mais elle nous entraîne.

Cette femme, enceinte, qui porte la vie. Opposée au dragon, à tout ce qui peut étouffer, engloutir la vie. Porter la vie, nous savons ce que cela veut dire : l’accueillir, l’accompagner, la soutenir, la servir, l’épanouir… la soulager, la protéger.
Cela est vrai dans tant de manières, dans tant de nos relations.

Mais aussi voir la vie être engloutie ou se détruire lorsqu’elle est violentée, étouffée, dominée, écrasée…. Nous savons que cela peut rejoindre bien des aspects de notre existence, de notre vivre ensemble, des relations sur notre terre.
Marie sans cesse, accueille, porte la vie, s’en soucie, la sert, et la communique. Elle est présente à la vie des uns et des autres.
Dans l’Evangile, nous la voyons se rendre avec empressement auprès de sa cousine Elisabeth. Pour la saluer. Comme elle-même a été saluée de la part de Dieu. Un salut qui est bienveillance, souhait de bonheur pour la vie de l’autre. Un salut qui trouve écho dans ce qu’Elisabeth vit également, dans l’enfant qu’elle porte en elle. Si Marie vient la rejoindre, c’est qu’elle sait que sa cousine aussi porte la vie en elle. Et c’est cet échange de vie, entre les deux enfants en leur sein, qui fait jaillir cette béatitude et chanter pour Marie son magnificat.

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

« Mon âme exalte le Seigneur… » 

Aujourd’hui, dans notre quête de vie nous sommes accompagnés par Marie ; invités à entrer dans le mouvement de son cœur qui se laisse entraîner par Dieu. Pour que notre propre désir emprunte le chemin qui est le sien. Pour que ce que nous portons de vie en nous se déploie en écho à sa salutation.

Marie, dès l’annonciation, nous est présentée comme « reliée » à Dieu. L’Esprit a préservé en elle cette disposition à correspondre à la Présence de l’Autre, à ne pas l’ignorer, le repousser. Et cette présence à Dieu, elle la déploie aussi dans une étonnante présence aux autres. Elle nous aide à entendre que c’est d’un même Esprit que l’on va à Dieu et aux autres. C’est de cette manière qu’elle est présente à l’Eglise naissante. Accueillante à l’Esprit et envoyée pour témoigner d’une heureuse nouvelle pour la vie de l’homme.

Marie nous est proche aujourd’hui. Qu’il nous soit donné de la garder proche de nous. Elle nous donnera de demeurer disciples, à l’écoute du fils, et missionnaires, témoins, pour que d’autres vivent de la vie en abondance que Dieu ne cesse de venir offrir à nos existences.