Homélie de la célébration diocésaine du 16 octobre 2022

18 octobre 2022

Nous voilà invités à rendre grâce au Seigneur qui nous rassemble. Baptisés, laïcs, religieux et religieuses, consacrés, diacres, prêtres et évêque.

Je voudrais rendre grâce pour la présence de chacun et pour la part que chacune et chacun prend à la mission. Tout n’est pas perceptible, tout n’est pas visible. Mais ce que chacun vit et sert pour ses frères est précieux et le Seigneur le connaît. Aujourd’hui, en nous rassemblant, nous nous donnons de le percevoir et de le manifester.

Aujourd’hui nous sommes là, membres d’un même corps… Ce corps que le Seigneur constitue par sa Parole et son eucharistie. Qu’il nous soit donné d’apprécier la part que chacun prend/apporte à la constitution de ce corps. Qu’il nous soit donné de le reconnaître et d’en être reconnaissant à chacun.

En cette étape nous nous retrouvons ici, à Cavaillon, en ce lieu où César de Bus est né, a déployé sa jeunesse insouciante, s’est peu à peu laissé transformer par le témoignage et l’interpellation d’autres et s’est tourné vers le Seigneur. Précurseur du catéchisme moderne, il a favorisé l’enseignement de la foi auprès des gens sans instruction et des habitants des campagnes. 

L’Eglise nous le désigne aujourd’hui comme une figure de sainteté venant éclairer et soutenir notre propre chemin, particulièrement pour annoncer et transmettre la foi dont nous vivons. Comme nous y invitera l’Eglise de France avec la Démarche KERYGMA, au fil de l’année qui vient.

 

Cette étape veut aussi ouvrir pour nous un temps de réflexion, pour regarder clairement et lucidement la vie de notre Eglise, éprouver ses richesses et ses pauvretés, mûrir des évolutions concrètes que nous aurons ensuite à décider et à mettre en œuvre. Discerner ce que l’Esprit dit à notre Eglise (Cf Ap)

Cette réflexion proposée a donc 2 points d’appui :

Nous demander

  • De quelle manière reflétons-nous le visage du Christ et en sommes-nous signes pour les hommes et les femmes de notre temps … pour la multitude ? 
     
  • De quelle manière manifestons-nous ce Corps dont nous sommes membres chacun pour notre part, Corps du Christ, qui se tourne vers le Père et vers les frères.

C’est cette attention que nous allons essayer d’avoir au long de l’année…

Pour regarder ce que nous vivons, discerner ce qui est riche et précieux, ce qui est à interroger à transformer… Regarder à travers cela ce que nous vivons du don de l’Esprit et ce que nous accueillons de son appel pour nous laisser renouveler.

Sommes- nous signes ? Sommes-nous véritablement disciples du Christ ?

Ces questions sont de tout temps. Toujours l’Eglise a à se laisser interroger et sait qu’elle a à laisser le Seigneur la convertir. Il n’est donc pas étonnant que je vous les formule dans les premiers mois de ma présence avec vous.

Mais ces questions sont particulièrement actuelles. Il y a comme une urgence, dans le contexte de notre temps, à les réfléchir pour préciser les conversions à vivre et les chemins nouveaux à emprunter pour être le visage d’Eglise que le Seigneur appelle de notre part.

Les réponses à ces interrogations, je ne peux les préciser et les discerner tout seul. Je veux nous inviter à les regarder ensemble… Pour que nous puissions recueillir ce que l’Esprit dit à chacun, dit à notre Eglise, et pour que ce soit bien ensemble que nous avancions.

Cette étape ouverte nous invite donc à nous retrouver, à regarder et discerner pendant une année. A partir de là nous chercherons à en préciser les mises en œuvre concrètes.

C’est en ouvrant cette étape, et dans cet état d’esprit que nous célébrons aujourd’hui le Seigneur, et que nous accueillons la Parole qu’il adresse à toute son Eglise. Nous lisons toujours l’Evangile selon St Luc. Jésus a pris le chemin de Jérusalem. Il marche vers sa Passion, sa mort et sa résurrection ; les disciples ne savent pas très bien ce qui va se passer, leur marche est hésitante à sa suite. Peu de temps auparavant, nous l’avons médité il y a quelques dimanches, ils ont demandé à Jésus : « Augmente en nous la foi », ce qui vient souligner la conscience de leur fragilité.

Jésus propose cette parabole : l’histoire de cette veuve qui poursuit le juge de ses réclamations jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle attend. Et son attitude persévérante peu à peu transforme le comportement du juge.

C’est déjà ce que nous souligne la première lecture. Le peuple est dans le désert, confronté aux dangers de toutes sortes… Il lui faut combattre pour survivre. Parce qu’il conduit ce peuple, Moïse ne lâche pas cette certitude que Dieu accompagne son peuple et qu’il veut le salut pour lui.

Nous pouvons penser aux communautés chrétiennes confrontées à des difficultés et des persécutions, ces communautés à qui Luc s’adresse. Nous pouvons penser aux communautés chrétiennes aujourd’hui à travers le monde.

Nous pouvons penser à nous-mêmes. Aux situations, aux questions auxquelles nous-mêmes, notre société et notre terre sommes confrontés. Il y a tant d’inconnu, tant de souffrances, tant de questions… Il y a tant de situations qui pourraient à amener à désespérer.

Nous voilà invités, par l’attitude de cette pauvre veuve, à ne pas lâcher la confiance en Celui qui nous appelle à la vie. Notre Dieu jamais ne remet en cause ses promesses. Mais cela nous demande de tenir, parfois dans la non évidence, dans la nuit.

La question de Jésus se demandant si, à son retour, il trouvera la foi sur terre est une mise en garde qui nous concerne : si vous ne demeurez pas attentifs à tenir dans la relation avec Dieu, vous risquez de perdre cette confiance, qui vous fait vivre.

Accueillons aujourd’hui cette invitation à nous tenir dans cette attitude. Le Seigneur marche avec nous. Il nous invite à poursuivre le chemin avec les renouvellements qu’il nous appartient de discerner.

« Il ne dort ni ne sommeille, le gardien d’Israël. »

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon