Cette déclaration de Pierre et des Apôtres devant le tribunal est un texte fondamental pour la vie chrétienne. Il ne s’agit pas bien sûr de faire n’importe quoi mais de faire ce que l’Esprit dit aux Eglises selon la phrase de l’Apocalypse (3, 22), « l’Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». (Ac 5,32)
Bien sûr, cela n’annonce pas une vie tranquille ! Loin de là ! Mais les Apôtres surent se réjouirent d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. (cf. Ac 5,41)
C’est une grâce qu’il faut demander au Seigneur : non pas d’avoir des persécutions et des humiliations, mais de les vivre pour le nom de Jésus, donc en communion avec sa Passion et sa Résurrection.
C’est ce que Jésus annoncera à Pierre dans le texte d’Evangile que nous avons pour ce dimanche.
Il y a beaucoup de choses dans ce texte de saint Jean. Il nous faut le lire dans son intégralité : tant la pêche miraculeuse que le dialogue avec Pierre.
Une fois encore, Jésus ressuscité n’est pas reconnu par ses disciples, eux qui avaient vécu si longtemps avec lui. On ne reconnaît Jésus que lorsque Lui se fait reconnaître. Pierre obéit à cet inconnu qui lui dit où jeter les filets, et Jean, face au miracle, discerne son sens : la présence active du Seigneur. « C’est le Seigneur »( Jn 21,7). Alors seulement Pierre se jette à l’eau et vient vers Jésus, démarche extraordinaire d’amour : il oublie les poissons car seul le Seigneur qu’il a renié lors de la passion, comptes sur lui.
Le disciple bien aimé voit et Pierre agit, comme ce fut le cas dans la découverte du tombeau vide où le plus jeune, arrivé le premier, attend le plus ancien. Nous avons déjà dans ces textes une annonce de la place de chacun dans notre Eglise : la hiérarchie a besoin des charismes et réciproquement. C’est voulu ainsi par notre Dieu.
Jésus a préparé le repas... Il n’a pas besoin des 153 gros poissons pêchés par les disciples. Mais comme à Emmaüs il prend sa place en rompant le pain, ce qui était le rôle du maître de maison.
Et aucun de lui demande « qui es-tu ? car ils savaient bien que c’était le Seigneur » (Jn 21,12).

La connaissance du Christ ne vient pas d’une expérience du passé ou bien d’une expérience intellectuelle mais d’une inspiration de l’Esprit qui nous fait sentir que c’est Lui.
Cette apparition est pour Pierre, pour l’envoyer en mission. On dit souvent que les trois fois où Jésus lui demande « m’aimes-tu », reprennent les trois reniements... Bien sûr, mais c’est surtout pour enraciner sur le roc l’amour de Pierre pour Jésus. Enraciner cet amour sur ce que sera sa réalisation concrète et le changement de vie que cela implique pour Pierre.
Il doit ainsi descendre au fond de lui-même pour que son acte de foi repose sur l’amour nouveau qui vient de la résurrection du Christ. Désormais plus rien ne sera comme avant. C’est fini d’aller à la pêche aux petits poissons... « Ce sont des hommes que tu prendras », lui avait dit Jésus. Et « un autre te conduira et te mènera et te mènera là où tu ne voudrais pas aller » (Jn 21,18), par le chemin du martyre sous la conduite de l’Esprit Saint.
Et même si tu ne me vois plus en face à face, « suis-moi » ( Jn 21,19).

Père Grégoire VU