« Il manifesta sa gloire »

14 janvier 2022

Dans la Bible, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, le thème des Noces est présent. Il nous renvoie toujours au lien entre Dieu et son peuple, et donc entre Lui et chacun de nous, homme ou femme.
Le texte d’Isaïe dans la 1re lecture de ce dimanche s’appuie sur l’Epiphanie à toutes les nations : « tous les rois verront ta gloire » (Is 62, 2) pour nous conduire dans l’intimité de l’Epoux : « cette terre sera nommée l’épousée, car ton bâtisseur t’épousera et tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 4-5).
Le mystère des Noces est donc beaucoup plus grand que la simple réalité du mariage d’un homme et d’une femme. Il concerne le lien avec Dieu lui-même, lien de divinisation qui est ouvert pour chacun de nous. C’est pour cela que Saint Paul dit que dans l’au-delà « il n’y a plus l’homme et la femme mais que nous sommes tous UN dans le Christ »(Ga 3,28), à l’image définitive de l’unité divine qu’est la vie trinitaire.
Mais dès maintenant ce mystère est présent dans notre vie chrétienne. En effet, sous l’action de l’Esprit Saint, chacun de nous est la joie de Dieu. Dieu se réjouit de moi ! Il serait bon que nous soyons pénétrés de cette réalité ! C’est en effet le meilleur moyen de se voir de manière juste et de se débarrasser des jugements négatifs que nous portons trop souvent sur nous-mêmes. Si les jansénistes avaient lu ce texte d’Isaïe, ils n’auraient pas lancé tant de chrétiens sur un chemin de tristesse et d’épuisement.
Ce qui se passe à Cana est une Epiphanie. A Cana, Marie est invitée et donc aussi Jésus avec ses premiers disciples. Comme dans les autres Épiphanies, nous contemplons Jésus, Fils de Dieu et Verbe incarné : Il vit pleinement une vie humaine avec les humains. Il participe au festin des noces comme il participe toujours aux joies humaines qui sont en fait des dons de Dieu. N’imaginons pas un Jésus pieux, dans son coin, au-dessus de la vie des gens. Il en fait pleinement partie, il se réjouit avec ceux qui sont dans la joie parce qu’il est homme, pleinement homme, semblable à nous en toutes choses sauf le péché.
Marie est attentive aux besoins des gens : « On manqua de vin » (Jn 2,3). C’est une catastrophe, une honte pour le maître du repas et pour le marié, de finir le repas des noces à l’eau claire ! Et comme toujours, Marie présente à son Fils la souffrance et les besoins des hommes. Et des besoins plus que matériels. Ils n’ont pas de vin... Elle n’en dit pas plus. Elle sait intercéder de manière excellente : dire les choses à Dieu et s’en remettre pleinement à l’amour miséricordieux du Seigneur.
Le dialogue avec Jésus est prophétique : il anticipe l’heure de la Passion où sera donné le vin des noces pour les multitudes. Marie n’insiste pas mais replace l’homme à sa juste place dans l’obéissance à la Parole de Dieu :

« Tout ce qu’il vous dira , faite le ».(Jn2,5).
Le fait que Jésus accomplisse le miracle avec l’eau dans les jarres de purification rituelle nous renvoie au baptême de Jean Baptiste : c’est de l’ancien que jaillit le nouveau, de l’ordinaire que jaillit le meilleur.
Et ce très bon vin gardé jusqu’à maintenant, c’est le vin du Royaume, inconnu depuis toujours, mais qui est signe de l’alliance définitive de Dieu avec les hommes, le sang versé ‘pour vous et pour la multitude’, le sang de l’Agneau Immolé qui coule du Cœur de Jésus et guérit le monde entier.
Ainsi, nous dit saint Jean , « il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2,11). Ainsi, c’est dans la communion au corps et au sang du Christ que chacun de nous grandit dans la foi. Quand c’est possible, il faut se réjouir de pouvoir communier sous les deux espèces du pain et du vin consacrés, car cela nous permet de vivre toute l’amplitude des signes accomplis par Jésus Christ à Cana et ailleurs, mais surtout à la Croix. Ainsi nous répondons à l’invitation au festin des noces de l’Agneau, suprême béatitude !

Père Grégoire VU