LE MAITRE EST LA, IL T’APPELLE !

5 février 2022

L’évangile de ce dimanche (Lc 5,1-11) est une très belle porte d’entrée au sacrement de l’ordination diaconale que recevra prochainement notre frère Joris. Elle aura lieu le dimanche 27 février à 16h00 à la cathédrale ND.

Dans un monde de culture éclatée où les repères font défaut, la question du sens de la vie devient première. Dieu ne serait-il pas la solution de nos problèmes touchant le sens de la vie ? La réponse à notre interrogation nous appartient. Suis-je prêt à risquer ma vie sur cette parole qui me rejoint comme un appel nouveau et radical : « Viens et suis-moi » ?

Parole de Dieu dans une parole d’homme, Jésus agira de même. Il ne vient pas à nous avec un discours de sagesse qui combleraient notre faim de savoir religieux, il se présente à chacun de nous avec un appel.
A Philippe qu’il rencontre sur sa route, il dit sans autres explications : « suis-moi » ; de même avec Matthieu derrière son bureau de douanier. A Zachée : « descends vite, il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ».
Au notable qui était venu à lui avec une question doctrinale : « que faut-il faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? », il adresse un appel personnel : « une chose encore te fait défaut, tout ce que tu as, vends-le et distribue-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux, puis viens, suis-moi. »

Ces appels se caractérisent toujours par leur radicalité. Jésus dont on peut admirer la miséricorde et la compréhension, ne souffre ni conditions ni atermoiement lorsqu’il s’agit d’un appel à le suivre. Sa parole a l’autorité de la Parole de Dieu et elle n’admet qu’un type de réponse : se lever, tout quitter, se mettre en marche à sa suite. C’est ainsi que Luc conclut le récit de la pêche miraculeuse qui marque l’appel des quatre premiers disciples : « Laissant tout, ils le suivirent. »

On peut s’étonner de ce caractère absolu des exigences suscitées par l’Evangile. Comment des hommes souvent jeunes peuvent-ils, au nom du Christ, engager leur vie dans une fidélité au sacrement qui les unit, au geste qui les engage dans le ministère ordonné ? Poser ainsi la question, c’est ne pas comprendre qu’au cœur même de nos fragilités, la Parole du Christ ne peut susciter qu’une réponse : celle de Marie, celle des disciples, le « oui » qui reconnait cette parole pour ce qu’elle est. Quelles que soient nos faiblesses ou nos infidélités, le oui sincère et généreux qui est dit en réponse à l’appel du Christ, reste dans nos vies un moment d’éternité que le Père saura reconnaitre et consacrer.

Radical, ce oui n’est jamais aliénant car il reste libre. C’est une des caractéristiques de l’Evangile que de lier ainsi dans un même appel radicalité et liberté. On ne suit pas Jésus en regardant en arrière. Jamais Jésus n’a fait peser sur ses disciples la moindre contrainte : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

C’est cette alliance de radicalité et de liberté qui donne aux appels du Christ leur caractère structurant. Ils atteignent les profondeurs de notre être, ils dénoncent ce qui serait de notre part, réponse ambigüe ou dilatoire mais nous laissent une entière liberté de choix.

C’est cette pédagogie divine, faite d’exigence et de liberté qui a transformé les disciples et ouvert leur cœur à l’accueil de l’Esprit. C’est cette fidélité au Christ qui nous conduit comme elle a conduit les disciples à une ouverture pascale : tout quitter, prendre sa croix, perdre sa vie, tomber en terre comme le grain qui meurt pour porter du fruit. La Pâque du Serviteur est l’ultime révélation de l’Amour et c’est là que l’Esprit nous est donné.

Père Emmanuël DELUËGUE, prêtre auxiliaire