Message Pascal par Monseigneur Fonlupt

17 avril 2022

La longue pandémie qui s’est déployée sur notre terre n’est pas encore circonscrite. La violence de la guerre en Ukraine a surgi brutalement. Nous en sommes les témoins proches et démunis, même si beaucoup ne restent pas inactifs. Nous savons les difficultés économiques accentuées par ce contexte.
Nous connaissons aussi la fragilité des liens… L’entre-deux-tours des élections présidentielles vient nous révéler s’il en était besoin les clivages de notre société. Qu’est-ce que nous construisons ? Qu’est-ce qui est solide ? Qu’est-ce que nous transmettons ?

Nous voyons également la générosité de beaucoup dans l’engagement et l’accueil, les gestes de solidarité de partage et d’entraide… l’investissement de nombreuses personnes pour que notre société vive et fasse place à chacun… Beaucoup œuvrent pour une vie meilleure pour tous.

C’est au cœur de ce monde, pris dans ce contexte fragile, que nous célébrons Pâques. Non pas d’abord comme une fête de printemps, mais comme un temps qui nous donne de revenir à la source d’une expérience fondatrice et d’y être associés :
Passant par la mer, le peuple des hébreux est arraché à l’esclavage pour aller vers une terre promise.
Allant jusqu’au bout d’une vie donnée, Jésus fait de sa mort un don pour que tous en vivent. "Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne" (Évangile selon Saint Jean 10,18).

Au petit matin, les femmes se rendant au tombeau découvrent que la pierre qui en fermait l’accès a été roulée sur le côté. Elle était pourtant très lourde, comme celle qui pèse sur nos vies. Les voilà invitées à sortir de la peur. Elles perçoivent cette puissance de vie, jaillie d’un amour donné. Au-delà de la souffrance et la mort, la vie les rejoint.

Dans la nuit de Pâques, nous nous rassemblons pour faire mémoire de cette histoire et l’accueillir de manière renouvelée.
Des adultes catéchumènes reçoivent le baptême. Au cœur de leurs existences souvent douloureuses et fragiles, ils ont été rejoints par la puissance de cet amour livré.

C’est cette nouvelle que nous accueillons à Pâques. Nouvelle d’un amour plus grand qui traverse la rudesse de nos existences pour leur donner de se redresser. Nouvelle d’une bonté radicale offerte à tous, venant apaiser nos blessures et dégager les impasses de nos vies. Nouvelle à accueillir, à vivre, à rayonner, à partager.

Chrétiens, nous l’accueillons comme une source vive pour notre existence et notre quotidien. Elle ne nous est pas réservée. C’est un trésor à partager. Au cœur de la précarité de nos existences, de nos fragilités et de nos pauvretés, nous confessons Celui qui ouvre un horizon à nos vies. Heureuses fêtes de Pâques.

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon