« Ne craignez pas les hommes, rien n’est voilé qui ne sera dévoilé... »

24 juin 2023

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps » (Mt 10, 26-28)
Les circonstances actuelles nous invitent à craindre l’autre, l’autre qui peut être dangereux, l’autre dont nous devons nous tenir à distance pour nous protéger réciproquement, l’autre que nous ne devons approcher que ‘masqué’.
Il y a là un risque de confusion : aujourd’hui, la proximité et plus encore le contact avec l’autre présentent un danger. Mais ne nous trompons pas, ce n’est pas la personne qui est dangereuse, c’est ce dont elle peut, virtuellement, être porteuse. Quel paradoxe ! Quand le danger menace, l’autre (ma sœur, mon frère) devient la personne dont je désire être proche, celle dont je souhaite prendre la main pour nous soutenir mutuellement.
C’est bien cette proximité, cette tendresse, cette empathie que Jésus exprime quand il nous invite à ne pas craindre les hommes mais celui qui peut atteindre notre âme. Notre âme risque d’être terriblement abîmée, voire détruite, quand nous laissons le diviseur y entrer. Notre adversaire est malin, il est même le malin ! Alors, tout en étant lucides, évitons de lui offrir une place qu’il s’empressera toujours de prendre. Ayons les yeux fixés sur le Seigneur et ouvrons lui tout grand notre cœur ! Evitons surtout de faire une fixation sur Satan qui ne demande pas mieux. Peu lui importe que l’on parle de lui en bien ou en mal, pourvu que l’on parle de lui, car alors « il occupe le terrain ». Un peu trivialement, disons-lui plutôt : « Casse-toi, tu n’as rien à faire dans mon cœur, Dieu seul y a sa place ».

Ayons en Dieu une confiance sans faille car il regarde la personne et non le péché qui l’a salie. Jésus nous parle de l’immense valeur que nous avons aux yeux du Père et à ses yeux. Ne craignons pas, n’ayons pas peur de notre Dieu, accueillons son Esprit et déclarons-nous en permanence pour lui.

Dévoiler ce qui est voilé, c’est faire venir à la lumière toutes nos noirceurs pour les laisser s’effacer dans la lumière de l’amour, c’est permettre à la grâce du pardon de nous délivrer de tout ce qui nous emprisonne, c’est permettre à la lumière du Ressuscité de nous illuminer de son rayonnement. Au cours d’un rêve, je me voyais entrant au paradis. J’y rencontrais les personnes que j’ai connues et aimées, surpris de les voir telles qu’elles m’apparaissent, je leur dis :
« Je ne me rappelais pas que vous étiez aussi beaux ». D’un même cœur ils me répondirent : « Tu nous vois dans le regard de Dieu, lavés de tout ce qui nous souillait, tu nous vois dans notre être-même, notre intégrité, tels que nous sommes en Dieu de toute éternité ». Ce serait une bonne chose que nous habituer à regarder l’autre de cette façon, en nous attachant à voir en lui tout ce qui est beau, tout ce qui est reflet, image et ressemblance de Dieu. Nous le verrions rayonnant de la lumière qui l’habite pour nous en éclairer et nous en réjouir.
« Il n’en va pas du don gratuit comme de la faute » dit Saint Paul, car « si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ » (Rm 5,15).
L’Evangile relate et nous révèle ce don gratuit de Dieu lui-même en Jésus qui « pour nous les hommes et pour notre salut, descendit du ciel ». Nous avons beaucoup de difficultés à prendre en compte cette réalité d’un salut qui nous est offert car nous avons, dans notre fonctionnement humain, tendance à vouloir obtenir, mériter - et même faire ! -, notre salut, alors que Jésus s’est incarné, est mort sur la croix et est ressuscité « pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce à la tendresse à l’amour de Dieu ». (Cantique de Zacharie, Lc 1, 77-78)

Père Grégoire VU, vicaire