QUAND JESUS EN PERSONNE FAISAIT L’HOMELIE

21 janvier 2022

On ignore trop que Jésus, toute sa vie, a assisté à l’office liturgique de son peuple comme un simple fidèle : non pas comme un prêtre-célébrant d’aujourd’hui, mais comme un laïc de l’assemblée. Ce jour-là, Jésus s’est rendu à l’office hebdomadaire à la synagogue de son village. Ne manquons pas de remarquer ces mots « comme il en avait l’habitude » : oui, Jésus était un pratiquant fidèle et régulier. Et, comme dans nos liturgies d’aujourd’hui, Jésus fut invité à monter au pupitre pour faire la lecture. Nous le voyons ouvrir le rouleau de la Torah et lire. Remarquons aussi que Jésus, il y a 2022 ans, savait lire, et possédait toute une culture biblique : le seul Livre était l’Ancien Testament, que tout juif entendait proclamer chaque année en son entier. Comme on aurait aimé être là, pour écouter le ton de sa voix, ses accents, les mots mis en valeur, le brin d’émotion qui peut-être perçait quand il prononçait telle ou telle phrase le touchant davantage. Mais nous savons au moins une chose, c’est le texte qu’Il a lu et commenté. Nous y découvrons trois caractéristiques de sa mission et de la nôtre.

L’Evangile est une « bonne nouvelle » : la libération des pauvres.

D’emblée, Saint Luc nous présente Jésus comme le « messie des pauvres ». C’est un vrai discours programme, repris du livre d’Isaïe, et qui décrit en belles images symboliques l’œuvre à laquelle Jésus Se sent poussé par l’Esprit Saint : Jésus est venu pour apporter le bonheur à tous ceux qui souffrent de toutes sortes de maux. Il s’adresse d’ailleurs à des villageois d’un des plus pauvres bourgs ruraux de Galilée, un coin perdu de l’Empire romain, jamais cité dans un aucun texte, même de la Bible. Une petite bourgade isolée et ignorée, Nazareth. Un hameau où vivaient seulement selon les fouilles des savants archéologues, quelques dizaines de familles paysannes. « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon », disait-on par moquerie.

A ces pauvres, Jésus prêche une « année de bienfaits » pour les pauvres, « l’ouverture des prisons », « la libération des opprimés », « la guérison des aveugles ». Comme à Cana dans l’évangile de dimanche dernier, Jésus s’engage donc « pour le bonheur » des hommes.

Ne mettons pas entre parenthèses, quand nous venons vers Jésus, nos blessures, nos points de souffrance intérieure ou physique, nos échecs. C’est précisément sur nos manques, nos pauvretés, que peut venir la « Bonne nouvelle » du Sauveur. A la limite, si nous n’avions pas de manques, y compris ce ’manque essentiel’ qu’est le péché, nous n’aurions pas besoin d’être sauvés. Il vaut la peine de prendre un instant de silence pour me demander « de quoi j’éprouve le besoin d’être libéré ».

Une libération réelle, effective

En terminant sa lecture biblique du prophète Isaïe, Jésus en fait l’homélie la plus percutante, et la plus courte :

« CETTE PAROLE S’ACCOMPLIT AUJOURD’HUI. » Son homélie consiste, tout simplement, à affirmer que le Message de Dieu n’est pas bla-bla-bla, ni du baratin théorique mais une réalité concrète qui va passer en s’accomplissant dans les faits. A quoi servirait-il de disserter longuement, de discuter, de faire des « commissions et des déclarations » sur la libération des opprimés ? Jésus ne s’est pas contenté de répéter le message du vieux prophète, IL lui a donné vie en Sa personne, en Se mettant réellement au service des pauvres, des aveugles, des malades. Jésus est une « Parole-incarnée », une « Bonne-nouvelle accomplie », un message non seulement lu, mais vécu. Jésus, c’est un Evangile « en chair et en os ». Le Verbe S’est fait chair. Il a peu parlé. Il a agi.

Une libération accomplie dès aujourd’hui.

C’est le mot aujourd’hui qui est important dans l’homélie de Jésus. Dieu parle toujours au présent, et nous renvoie à notre actualité. La nostalgie du passé n’est que stérile regret. Les rêves futuristes sont souvent fuites irréelles. Seul le présent est entre nos mains. Le Royaume de Dieu n’est pas pour demain : il faut s’y mettre dès aujourd’hui. Les signes du Royaume, les signes de la Présence de Dieu sont très simples : l’Esprit de Dieu est à l’œuvre partout où il y a libération, lumière, joie, amour. Et l’Esprit du Seigneur est sur nous aussi, en ce dimanche, si nous répandons un peu de lumière dans les yeux aveugles de nos contemporains, si nous aidons tel ou tel à sortir des esclavages qui l’emprisonnent, si nous faisons de ce jour d’aujourd’hui un jour de bienfaits pour les quelques personnes que nous allons rencontrer.

Allons-nous, aujourd’hui, mettre en œuvre, comme Jésus, la Bonne nouvelle de Dieu ?

Stanislas TAMBY, diacre