« Tuer n’est pas humain. »

30 septembre 2022

En arrière-plan de l’actualité, nous apprenons la mise en route, dans notre pays de France, d’un projet de loi sur l’euthanasie. Il est de mon devoir de curé de vous en parler. Étudions ce sujet de sorte que nous, catholiques, ne restions pas passifs sur une question vitale pour nous-mêmes et pour notre société. Après avoir un peu travaillé la question… je constate qu’elle dépasse la taille de la page A4 de notre feuille paroissiale !!!

De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de donner un droit civil à une fin de vie libre et choisie. En d’autres termes, il s’agit de pouvoir choisir sa mort. On ajouterait donc la mort à la panoplie des soins médicaux…
Il y a plus de 25 ans, dans l’encyclique l’Evangile de la vie (EV), Saint Jean-Paul II parlait déjà de ce sujet : se rendre maître de la mort en la provoquant par anticipation (EV n°64) et poser une action qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. Il s’agit donc d’une grave violation de la Loi de Dieu (EV n°65)

Pour quels motifs ?

  • l’utilitarisme : un malade en fin de vie coûte cher… ‘notre société ne peut plus porter des dépenses improductives si lourdes’… Mais… que voulons-nous ? L’efficacité ou l’humanité ?
  • la ‘compassion’ : ‘il faut avoir pitié des personnes qui souffrent ou qui, en fin de vie, ne sont plus autonomes’…

De quel droit ?

Oubliant son rapport fondamental avec Dieu, l’homme pense être pour lui-même critère et norme. (EV n°64)
Nos contemporains revendiquent donc pour eux-mêmes la plus entière autonomie morale de choix et demandent que l’État garantisse le champ le plus étendu possible à la liberté de chacun (EV n°69)… comme si la vie était un bien relatif alors qu’elle est un bien absolu ! En effet, à tout âge, au plus intime de nous-mêmes, nous percevons une inclination innée à la vie (EV n°66). Parce qu’elle est don de Dieu, cette inclination nous précède.

Les mots ont un ou plusieurs sens… attention à la confusion !

  • l’expression ‘mourir dans la dignité’ a été médiatiquement monopolisée en faveur de l’euthanasie.
  • suicide assisté associe deux mots contradictoires… agir par soi-même et faire intervenir un tiers…
  • douleur (avoir mal) et souffrance (être mal) sont deux sujets imbriqués et liés… on sait aujourd’hui soulager la douleur et accompagner la personne qui souffre alors que les soins palliatifs ne sont pas assez développés.
  • le mot autonomie a plusieurs sens selon qu’elle est physique, psychique, morale ou spirituelle…

Quelques remarques étayées par l’expérience des acteurs des soins palliatifs ainsi que des visiteurs de malades

Interrogeons-nous sur la manière dont nous habitons notre vie. Observons aussi comment les personnes en fin de vie savent encore trouver du sens à leur vie amoindrie… et demandent à ce qu’on ne leur vole par leur mort !

La vraie compassion rend solidaire de la souffrance d’autrui. (EV n°66) En effet, la demande qui monte du cœur de l’homme dans sa suprême confrontation avec la souffrance et la mort, spécialement quand il est tenté de se renfermer dans le désespoir et presque de s’y anéantir, est surtout une demande d’accompagnement, de solidarité et de soutien dans l’épreuve (EV n°37). Le personnel des soins palliatifs sait ainsi reconnaître que le cri « Je veux mourir » est d’abord et avant tout : « aidez-moi, prenez soin de moi… » Et les médecins s’appliquent souvent l’adage : « Guérir, parfois. Soulager, souvent ! Consoler, toujours ! »

Que faire ?

  • Lire les enseignements lumineux et prophétiques de Saint Jean Paul II dans son encyclique l’Evangile de la vie (n°64 à 74) et dans sa lettre apostolique Salvifici doloris sur le sens chrétien de la souffrance humaine (1984).
  •  Lire aussi le document récent (approuvé par le pape François) de la congrégation pour la doctrine de la foi intitulé : Lettre Samaritanus bonus sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de vie. (14 juillet 2020)
  •  Lire le livre Fin de vie : peut-on choisir sa mort ? - L’euthanasie n’est pas LA solution des Dr Jean-Marie Gomas et Dr Pascale Favre aux éditions Artège.

Bien évidemment, il y aura une suite à ces lignes. Merci pour vos réactions, remarques et contributions !

Père Michel BERGER, curé