« UNE SEULE CHOSE TE MANQUE »

8 octobre 2021

Cet homme qui vient vers Jésus l’appelle « bon maître ». Or « Dieu seul est bon », lui dit Jésus. Mais l’homme ne répond rien à cette parole fondamentale du Seigneur. En effet, cela devrait l’amener à reconnaître que Jésus est Dieu. Mais il est trop préoccupé par lui-même, par son désir de faire quelque chose et donc de mériter la vie éternelle, alors que c’est un don gratuit de la seule miséricorde divine.
Cet homme, renvoyé par Jésus aux commandements touchant à la charité fraternelle, n’a pas peur de dire qu’il a observé cela depuis sa jeunesse. Il se voit sans péché.
Bien sûr, c’est une illusion mais Jésus connaît bien ce chemin très humain de se situer seulement au niveau de la Loi, alors que Lui seul accomplit cette Loi afin de nous appeler à la foi. Dans sa connaissance de notre misère à tous, Jésus le regarda et l’aima.
Cet homme résume à lui seul ce qu’est la recherche de la perfection selon l’ancienne alliance, dans une attitude d’attente du Messie.

En lui répondant, Jésus change de registre : il ne s’agit plus de faire ceci ou cela, d’acquérir tel mérite, mais bien au contraire d’entrer dans le manque : « une seule chose te manque ».
Il lui manque de manquer, si j’ose dire ! « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et puis viens et suis-moi. Tu auras un trésor dans le ciel ». (Mc 10, 21).
Mais lui se retira tout triste car il avait de grands biens. La tristesse vient de la possession des biens et non de leur perte. C’est un changement complet de regard que nous demande le Christ et pas seulement dans ce passage d’évangile.
La vraie sagesse dont nous parle la première lecture est dans cette orientation : le détachement – le non-attachement – aux biens de ce monde et aussi à soi-même. Suivre le Christ, c’est ne plus être son propre maître, c’est perdre sa vie en ce monde, c’est vivre dans l’obéissance de la foi dont parle Saint Paul aux Romains.
Il est donc très difficile à un riche d’entrer dans le royaume : c’est l’exemple bien connu du chameau et du trou de l’aiguille.
Dans l’ancienne alliance, la richesse était vue comme une bénédiction divine, et là elle devient un obstacle.
En effet, Jésus nous fait comprendre que l’on ne peut se sauver soi-même : c’est Dieu qui sauve et « tout est possible à Dieu ». (Mc 10, 27)
Ainsi se mettre à la suite du Christ, chacun bien sûr selon son charisme, ouvre à une surabondance et permet de recevoir dès maintenant le centuple correspondant à ce que nous avons laissé pour le Christ. Il est précisé « avec des persécutions » : c’est dire si ce chemin est difficile parce que le centuple total, c’est la vie du Royaume des Cieux, la vie éternelle.
Notre référence, c’est donc la Parole de Dieu qui pénètre au plus profond de notre être. La deuxième lecture est claire sur ce point. La Parole est vivante, c’est le Seigneur lui-même et non plus des commandements qui nous sont extérieurs. Nourrissons-nous de la Parole, lue et reçue dans la communion fraternelle, et nous goûterons de plus en plus au centuple dans la foi.

Père Grégoire VU