Votre tristesse se changera en joie !

15 décembre 2023

Le désert, évoqué pendant l’Avent à travers de nombreux passages bibliques, est un lieu de dénuement, un lieu de pauvreté, de sobriété… un lieu où l’on est privé de confort… mais c’est aussi le lieu de l’action - surprenante et parfois inattendue - de Dieu :

Sur les hauteurs dénudées je ferai jaillir des fleuves, et des sources au creux des vallées.
Je changerai le désert en lac, et la terre aride en fontaines. (Isaïe 41, 18)

La figure ascétique de Jean le Baptiste paraît dans le désert [ … ] Il était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Son âpre message de conversion et son action symbolique de baptiser n’ont, en tant que tels, rien de réjouissant. Pourtant Dieu lui donne d’être la lampe qui brûle et qui brille (Jn 5, 35) par l’annonce d’un message surprenant et finalement, inattendu : au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Mais qui donc est-Il, ce Messie, l’Agneau de Dieu comme le désigne explicitement Jean-Baptiste par ailleurs ?

L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. (Is 61, 1)
Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. (Is 61, 10)

Voici l’inattendu tant attendu ! Vrai Dieu, Jésus est aussi vrai homme : son âme fait l’expérience de la joie profonde des vivants sur cette terre. Il accueille sa vie humaine comme un don de Dieu son Père. Dans les limites du temps et de l’espace qu’Il a assumées, il sait que notre fragilité est visitée par l’étincelle de la vie : Il témoigne que notre vocation est d’être habités par la lumière de la grâce. Il se réjouit de l’inscription indélébile de sa condition masculine dans sa nature humaine. Vrai Dieu et vrai homme, Il sait la mission d’Epoux qui lui est confiée : je tressaille de joie ! Pour nous rendre la joie perdue par le péché, Jésus donne le témoignage de sa joie profonde diffusée sur son visage, avec l’allégresse qui dilate son cœur. Ainsi toutes ses paroles, ses attitudes, ses gestes, ses actions sont empreintes d’exultation et de jubilation parce qu’Il apporte la victoire :

Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé,
proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération,
proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. (Is 61, 1-2)

Lors de sa venue à Marseille le samedi 23 septembre dernier, le pape François nous invitait à tressaillir de la joie de Dieu : Demandons-nous avec sincérité de cœur : croyons-nous que Dieu est à l’œuvre dans notre vie ? Croyons-nous que le Seigneur, de manière cachée et souvent imprévisible, agit dans l’histoire, accomplit des merveilles et est à l’œuvre également dans nos sociétés marquées par le sécularisme mondain et par une certaine indifférence religieuse ?

Il y a un moyen de discerner si nous avons cette confiance dans le Seigneur. Quel est ce moyen ? Tressaillir. Celui qui croit, qui prie, qui accueille le Seigneur tressaille dans l’Esprit, sent que quelque chose bouge à l’intérieur, il “danse” de joie. Et je voudrais m’arrêter sur cela : le tressaillement de la foi.

L’expérience de foi provoque avant tout un tressaillement devant la vie. Tressaillir c’est être “touché à l’intérieur”, avoir un frémissement intérieur, sentir que quelque chose bouge dans notre cœur. C’est le contraire d’un cœur plat, froid, installé dans la vie tranquille, qui se blinde dans l’indifférence et devient imperméable, qui s’endurcit, insensible à toute chose et à tout le monde, même au tragique rejet de la vie humaine qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent, à nombre d’enfants qui ne sont pas encore nés, et à nombre de personnes âgées abandonnées.

Celui qui est né à la foi reconnaît la présence du Seigneur. Il reconnaît son œuvre dans le fleurissement des jours et il reçoit un regard nouveau pour voir la réalité. Même au milieu des difficultés, des problèmes et des souffrances, il perçoit quotidiennement la visite de Dieu et se sent accompagné et soutenu par Lui.

Chacun d’entre nous peut se demander : est-ce que je ressens ces choses ? Est-ce que j’ai ces choses ? Celui qui est ainsi sait que le Seigneur est présent en toute chose, qu’il appelle, qu’il invite à témoigner de l’Évangile pour édifier avec douceur, à travers les dons et les charismes reçus, un monde nouveau.

Frères et sœurs, à quelques jours de Noël, dites à ceux qui faiblissent : courage ! Voici votre Dieu ! (cf Isaïe 35, 4)

Père Michel BERGER, curé